Congo-Kinshasa: Le pays craint l'expansion de l'épidémie de Mpox qui sévit au Sud-Kivu

28 Juin 2024

BUKAVU — La province du Sud-Kivu, située dans l'est de la République démocratique du Congo (RDC), est menacée par une épidémie de variole du singe, encore appelée Monkeypox (Mpox).

A en croire la Division provinciale de la santé, cette province a déjà enregistré, « plus au moins » 1000 cas dont 500 dans la seule ville de Kamituga, chef-lieu du territoire de Mwenga. La même source ajoute que 12 morts ont déjà été enregistrés.

« La situation ne cesse d'empirer, avec les cas qui ne cessent d'augmenter du jour au lendemain. En une semaine, nous avons enregistré plus de 100 cas. Cela nous inquiète, car nous risquons d'être débordés par cette situation », déplore Claude Bazibuhe de la Division provinciale de la santé du Sud-Kivu.

"Les services d'hygiène aux frontières quant à eux devraient être actifs pour la détection, l'isolement et l'orientation des cas suspects afin d'éviter la contamination de masse"Olivier Kabarati, médecin chef de zone de Nyangezi

« A présent, la zone de santé de Kamituga est l'épicentre de l'épidémie avec plus de 500 cas de variole du singe, suivie de la zone de santé de Nyangezi en territoire Walungu, plus particulièrement à Kamanyola », ajoute-t-il.

« Cette localité a elle-même 150 cas dont 100 déjà confirmés et d'autres qui sont sous surveillance. Ceux qui sont en situation grave sont en quarantaine à l'hôpital Saint Joseph de Kamanyola », fait savoir le médecin chef de zone de Nyangezi, Olivier Kabarati.

En somme, cette épidémie de la variole du singe a déjà atteint 22 zones de santé sur les 34 que compte la province du Sud-Kivu.

Selon un note d'information publié sur le site de l'OMS en décembre 2023, la variole du singe est une infection virale causée par le virus de l'orthopoxvirose simienne qui est transmis à l'homme par des singes ou certains rongeurs, avant de se propager ensuite par contact avec des personnes ou des objets contaminés. .

Pour sa part, l'Institut Pasteur indique dans un article datant de janvier 2024 que « cette maladie se présente comme une forme atténuée de la variole humaine, avec des symptômes moins graves et une létalité plus faible ».

« Le patient va présenter une forte fièvre, une fatigue intense, des douleurs musculaires, des éruptions cutanées au niveau de pommes de mains affectées par des boutons, au niveau de la face et même des pieds », précise Claude Bazibuhe

Traitement gratuit

La Division provinciale de la santé du Sud-Kivu a pris des dispositions spéciales face à cette épidémie. Ainsi, un centre de traitement a été implanté dans la zone de santé de Kamituga et un autre à Kamanyola. Elle annonce l'implantation d'autres centres de traitement dans la ville de Bukavu.

« Les centres d'isolement qui sont déjà disponibles dans différentes zones de santé vont nous aider à absorber la plupart des malades et limiter la propagation. Nous avons pensé qu'il est important de confirmer les cas sur place. Pour cela, nous avons mis en place un laboratoire à Kamituga. Une fois que le cas est confirmé, nous commençons directement la prise en charge », explique Justin Bengehya, chef du bureau des informations sanitaires à la Division provinciale de la santé du Sud-Kivu

Ce dernier ajoute que « les démarches sont menées pour qu'un autre laboratoire soit implanté à Bukavu afin de contenir l'épidémie dans cette ville ainsi que dans les zones de santé environnantes ».

Le traitement dans ces centres est gratuit. D'où l'appel lancé à la population d'éviter l'automédication et de se rendre le plus tôt possible dans les structures sanitaires habilitées en cas de symptômes, afin de bénéficier des soins appropriés pour barrer la route à la propagation de cette maladie.

Toutefois, SciDev.Net a appris que les défis à relever par le personnel soignant dans la gestion de cette épidémie sont le manque d'équipements suffisants, notamment les lits d'hospitalisation et d'autres matériels médicaux.

Malgré ces mesures, Olivier Kabarati redoute toujours une propagation de la maladie dans la région, étant donné que la ville de Kamanyola se trouve à la frontière de trois pays, à savoir la RDC, le Burundi et le Rwanda.

« La cité de Kamanyola est au carrefour de plusieurs frontières et des épidémies en export ou import pullulent parfois dans la zone », rappelle le médecin.

Mouvement des populations

Cris Kacita, chargé des opérations dans le système de gestion de l'incident Monkeypox au Programme national de lutte contre le Monkeypox et les fièvres hémorragiques virales (PNLMPOX-FHV), abonde dans le même sens en indiquant qu'on n'arrive pas à contrôler les mouvements des populations qui prennent notamment les baleinières.

« Nous observons une contamination humaine importante, notamment par les relations sexuelles », affirme-t-il dans un entretien avec SciDev.Net.

Dès lors, pour se prémunir, la population est invitée à s'auto-éduquer et à maintenir sans relâche les règles d'hygiène. Les médecins traitants recommandent à la population en particulier de laver régulièrement et correctement les mains, d'éviter les contacts avec des personnes déjà contaminées ou suspectées de l'être.

« Les services d'hygiène aux frontières quant à eux devraient être actifs pour la détection, l'isolement et l'orientation des cas suspects afin d'éviter la contamination de masse », recommande en outre Olivier Kabarati.

A cela, Luc Nkolamulume, autre médecin de la région, ajoute qu'on devrait songer à la vaccination des adultes. A l'en croire, « la vaccination antivariolique permet de prévenir ou d'atténuer la variole, avec une efficacité de 85 % ».

D'où son appel au gouvernement congolais avec ses partenaires pour qu'ils rendent le vaccin disponible dans une extrême urgence afin de barrer la route à la propagation de ce virus.

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