Mali: Les opposants politiques arrêtés transférés dans différentes prisons du pays

Cela fait neuf jours qu'ils ont été arrêtés le 20 juin, avant d'être inculpés et placés sous mandat de dépôt, le 24 juin. Les dix dirigeants politiques, membres de la Déclaration du 31 mars, qui rassemble la quasi-totalité des partis politiques maliens mobilisés pour le retour à l'ordre constitutionnel, ne sont plus à la maison d'arrêt de Bamako. Ils ont été transférés ces derniers jours dans des prisons à l'intérieur du pays. Arrêtés lors d'une réunion politique, ils sont accusés notamment d'« opposition à l'exercice de l'autorité légitime ».

Ils sont trois dans la prison de Keniéroba, à une soixantaine de kilomètres au sud de Bamako. Trois autres à Koulikoro, une soixantaine de kilomètres au nord de la capitale. Les quatre derniers ont été transférés à la maison d'arrêt de Dioïla, 160 km à l'est de Bamako.

Anciens ministres, hauts dirigeants de partis politiques maliens (RPM, Adema, Asma, PDES, Nema, Union, Vinda, Alternative pour le Mali), ils resteront détenus et séparés donc, jusqu'à la fin de la procédure qui les vise.

« On sait que c'est dans le but de les empêcher de communiquer et ça complique les visites, explique l'un de leurs avocats, mais sur le plan légal, c'est normal. Vu le surpeuplement des prisons [particulièrement à Bamako, NDLR], c'est quand même mieux comme ça. » Et de conclure : « Nous ne pouvons pas nous plaindre ».

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« Ordre public »

En avril dernier, les autorités maliennes de transition ont suspendu les activités politiques des partis et des associations dans tout le pays, sans fixer de durée à cette suspension, invoquant l'« ordre public ». La défense estime que cette interdiction est contraire à la Constitution malienne, et conteste la légalité des conditions d'arrestation des dix opposants - sans mandat, lors d'une réunion dans un domicile privé.

Actuellement, les personnalités politiques opposées aux autorités de transition pèsent chacune de leur parole ou se murent dans le silence, par peur de la répression. D'autres, qui ont eu le tort de se montrer trop critiques, croupissent en prison - c'est également le cas de représentants de la société civile.

« Il ne faut pas compter sur l'oppresseur »

Ceux qui prônent le plus ouvertement la désobéissance civile pour le respect des lois et de la démocratie, se sont résolus à l'exil ou à la clandestinité.

L'ancien ministre Housseini Amion Guindo, président du parti Codem et de la plateforme Djiguiya Koura, membres de la Déclaration du 31 mars, est quant à lui caché au Mali. « Il ne faut pas compter sur l'oppresseur pour satisfaire les demandes de l'oppressé », déclare-t-il dans un message diffusé sur les réseaux sociaux, avant d'appeler à « résister » pour « défendre la Constitution, qui constitue le ciment entre tous les Maliens pour préserver la cohésion et le vivre-ensemble. »

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