Les résultats définitifs des élections législatives malgaches dévoilés jeudi 27 juin 2024 offrent donc au président Rajoelina et son parti une majorité absolue, avec deux sièges d'avance. L'opposition a décroché 22 sièges. Les regards sont désormais braqués sur les 51 élus « indépendants », déjà fortement courtisés d'un bord comme de l'autre.

C'est « la victoire d'un peuple », la « victoire des urnes » se félicite Augustin Andriamananoro, ex-ministre de la Culture. Ce proche d'Andry Rajoelina vient de gagner un siège à Antananarivo.

« Nous détenons la majorité absolue, ce qui est très important et plus confortable pour le pouvoir central pour mener une politique générale de l'État. L'enjeu aujourd'hui, c'est la formation du gouvernement, en sachant que, selon la constitution malgache, il appartient à la majorité de proposer des noms des personnalités "Premier-ministrables". »

Des indépendants très courtisés

Le nouveau député confie que son parti reste ouvert à de « nouveaux compagnons » dit-il, tout en assurant que « beaucoup d'indépendants » ont déjà « volontairement » rallié le camp de la majorité présidentielle. « Il est évident que coopérer avec le pouvoir central est un atout pour qui veut mener une politique de proximité. »

Je lance un appel à tous les députés qui sont élus par le peuple en tant qu'indépendants pour unir nos forces à l'Assemblée nationale, dans un groupement parlementaire indépendant.

Sarah Tétaud Côté opposition, on tient le même discours : plusieurs indépendants seraient déjà en train d'adhérer au groupe parlementaire. Mais même avec un fort ralliement, le Firaisankina risque de rester loin derrière.

Mamy Rabenirina, réélu à Ambohidratrimo, pointe du doigt le déroulement du processus électoral. « À notre surprise, jeudi, lors de la proclamation officielle des résultats définitifs, certains de nos candidats qui étaient déjà "élus", selon les résultats de la Céni, ont perdu. Il y a quelques milliers de voix qui ont été supprimées, par décision de la HCC, suite à des requêtes déposées par nos adversaires. De ce fait, on a perdu au moins une dizaine de sièges qui étaient déjà assurés selon les résultats que nous avions calculés à notre QG. »

Les députés élus portés par la plateforme de l'opposition espèrent durant cette nouvelle législature bénéficier enfin du statut officiel d'opposants parlementaires et pouvoir élire leur chef de l'opposition.

Rester philosophe malgré une défaite, c'est l'attitude prônée par le leader politique de l'opposition Hajo Andrianainarivelo : « Perdre une élection dans de telles conditions est plus un honneur qu'une défaite hein. Vous savez, j'aurais pu être élu si j'avais eu recours aux mêmes pratiques que les autres, en achetant des voix, en distribuant des vivres et en mettant la pression, en usant des prérogatives de puissance publique. Quoi qu'il en soit, ça ne change rien à notre position, je continuerai à oeuvrer dans l'opposition et à faire en sorte que notre parti puisse jouer un rôle dans la vie publique à Madagascar pour le changement. Et nous continuerons à nous battre pour que ce régime arrête d'instrumentaliser les institutions pour leurs intérêts personnels. »

Les nouveaux députés sont attendus en session spéciale à partir du 9 juillet 2024.