Ile Maurice: Dénonciations à la FCC - Timing stratégique ?

Depuis quelques jours, la Financial Crimes Commission (FFC) est inondée de lettres de dénonciations de whistleblowers, chacune plus accablante que la précédente.

Cependant, le timing de ces dénonciations semble loin d'être anodin, car tout semble avoir commencé par une lettre adressée à la FFC, le 25 juin, contenant de graves allégations sur l'acquisition et l'utilisation de voitures de fonction par le commissaire de police (CP), Anil Kumar Dip.

Le lendemain, lors d'une audience en Cour suprême, l'ex-Integrity Reporting Services Agency (IRSA) a annoncé que l'ancien Premier ministre Navin Ramgoolam serait confronté à une nouvelle demande de «richesse inexpliquée» (Unexplained Wealth Order) sous la Financial Crimes Commission Act. Peu après, une autre lettre de dénonciation a fait surface, cette fois contre le Directeur des poursuites publiques (DPP), Me Rashid Ahmine, contenant surtout des allégations, mais sans aucun élément factuel solide.

Le contexte et le timing de ces dénonciations soulèvent des questions. Elles surviennent toutes d'un seul coup à un moment précis. Quel pourrait être l'objectif de ces lettres, surtout lorsque l'on considère qu'elles surgissent en cascade, au moment même où des personnalités de haut rang sont ciblées par des accusations de corruption ?

Les Casernes centrales ont rétorqué que les luxueuses voitures mentionnées dans la lettre de dénonciation sont «la propriété de l'État» et «non des acquisitions personnelles» du CP. Navin Beekarry, le directeur de la FCC, qui participait à la présentation de la FCC Act à la Banque de Maurice (BoM) hier, a fait comprendre qu'il faudra suivre les procédures. «Il y a une enquête préliminaire et une further investigation», dit-il. La FFC semble toutefois plus intéressée à enquêter sur l'auteur de la lettre que son contenu.

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«Richesse inexpliquée»

Par ailleurs, Navin Ramgoolam pourrait être confronté à une nouvelle demande de «richesse inexpliquée» sous la FCC Act, qui a remplacé, entre autres, la Good Governance Integrity Reporting Act. Cette annonce a été faite par Me Ali Hajee Abdoula, avocat représentant l'ancienne IRSA, lors d'une audience en Cour suprême le 26 juin.

Lors de la cérémonie d'hier, Navin Beekarry a déclaré que la FCC ne fait pas d'enquêtes que sur les membres de l'opposition. «Maintenant que l'IRSA a été absorbée par la FCC, il est normal que la FCC prenne le relais de toutes les enquêtes. Nous allons déposer une nouvelle demande bientôt. Pour le moment, il n'est pas question de convocation car ce serait prématuré de se prononcer sur quoi que ce soit. L'image projetée selon laquelle la FCC a été créée pour arrêter Navin Ramgoolam est fausse. Une institution est créée pour servir le pays.»

Par ailleurs, il y a eu une lettre de dénonciation contre le DPP. Une lettre qui serait plus pour détourner l'attention du public et des médias des allégations graves et spécifiques visant certaines personnalités et pour créer une confusion qui diluerait l'impact des véritables accusations. À la veille d'échéances électorales ou de décisions judiciaires importantes, ces dénonciations adressées à la FCC et leur timing soulèvent certes de nombreuses questions sur les motivations sous-jacentes et les implications potentielles.

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