Ile Maurice: L'ombre d'un «cover-up» plane

Le décès tragique de Bhavesh Bandhoo, survenu après qu'il a été retrouvé inconscient et en sang près d'une boîte de nuit à Grand-Baie, le 1eᣴ octobre 2023, reste enrobé de mystère, avec une enquête policière qui semble stagner depuis cinq mois.

Âgé de 19 ans, Bhavesh a lutté pendant cinq mois à l'unité des soins intensifs de l'hôpital du Nord avant de succomber à une septicémie, le 6 février. Pour sa famille dévastée, qui n'a toujours pas trouvé de réponses, la douleur de la perte est exacerbée par l'absence de clarté sur les circonstances exactes de l'incident fatal. Y a-t-il une tentative de cover up dans cette affaire, d'autant plus que la société de bouncers responsable de la sécurité de la boîte de nuit ce jour-là appartient à un sergent de police, dont les agissements sont vivement critiqués par certains membres de la force policière ?

Le 1eᣴ octobre 2023, à trois heures du matin, Bhavesh Bandhoo, un habitant de Bel-Air, a été découvert inconscient saignant abondamment du visage près de la boîte de nuit The Shacks Clubbing. Alertée par un appel pour venir en aide à une personne en détresse, la police de Grand-Baie s'est rendue sur les lieux et l'a retrouvé dans une mare de sang. Il a été transporté d'urgence à l'hôpital du Nord, où il a été admis aux soins intensifs.

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Après cinq mois de lutte, Bhavesh Bandhoo a succombé. L'autopsie a révélé que son décès est dû à une septicémie. Malgré des interrogatoires de plusieurs personnes de la localité, les circonstances exactes de l'incident restent, selon la police, inconnues, laissant la famille de la victime dans une quête de réponses.

Il semble y avoir plusieurs zones d'ombre dans cette affaire, d'autant plus troublante car Bhavesh Bandhoo ne présentait aucune blessure permettant de savoir s'il a été battu ce jour-là, alors qu'il saignait abondamment de la tête. Il était en bonne santé et ses proches ne comprennent pas non plus comment il s'est retrouvé à Grand-Baie. Pourquoi l'enquête n'a-t-elle rien donné jusqu'à présent ?

Nous avons appris que l'enquêteur principal dans cette affaire a été remplacé. Le cas est à la Criminal Investigation Division de Grand-Baie entre les mains du sergent Soobrayen. Une rencontre aura bientôt lieu avec la famille de la victime. «Au Central Crime Investigation Department, il y a deux équipes : une pour interroger quelqu'un et l'autre pour blanchir quelqu'un. Tout dépendra de l'équipe qui s'occupe du dossier», affirme une source.

Agence de sécurité d'un policier

Pour ceux qui sont proches du dossier, il semble y avoir anguille sous roche dans cette affaire car elle pourrait être liée à un protégé du commissaire de police Anil Kumar Dip et qui opère une société de sécurité privée dans le Nord. Y aurait-il une tentative d'étouffer cette affaire pour protéger ce policier qui a de nombreuses fois été impliqué dans des cas d'agression et d'intimidation avec violence ?

Cette agence fournit des videurs pour les boîtes de nuit et c'est la même qui assurait la sécurité à The Shacks Clubbing à chemin Vingt Pieds, ce jour-là. Comment se fait-il qu'un jeune se soit retrouvé dans une mare de sang à côté de la boîte de nuit sans que personne ne soit au courant de ce qui s'est passé ? Des questions auxquelles même la police de Grand-Baie n'arrive pas à trouver les réponses car les interrogatoires n'ont rien donné.

Ce policier affecté à la Field Intelligence Unit du Nord détient un permis pour opérer la société de sécurité privée depuis 2022. Cette dernière est enregistrée au nom de son épouse, lui-même en étant le secrétaire, et serait impliquée dans plusieurs activités suspectes. «Cette personne est devenue intouchable et ce ne serait pas la première fois qu'elle est impliquée dans des cas d'agression», dit-on.

Lorsqu'il y a une forte demande pour assurer la sécurité dans les boîtes de nuit, ce sergent, selon les informations disponibles, ferait également appel à des policiers qui font des heures supplémentaires pour lui. Il n'hésite pas à envoyer ses bouncers rechercher les personnes wanted. Il aide aussi les policiers en difficulté lors des opérations.

Beaucoup de personnes au sein de la force policière seraient au courant de ses agissements, mais elles se sentent impuissantes. Il est également courant que ce soit ses gros bras qui accompagnent le fils du commissaire de police lors de ses comparutions devant la cour. Ainsi, avec l'atmosphère de terreur semée par les videurs de cette entreprise de sécurité, qui pensent pouvoir faire ce qu'ils veulent, il est fort probable que personne ne souhaite témoigner dans cette affaire. Pour ceux qui sont proches du dossier, il est inacceptable que l'enquête n'ait rien donné après cinq mois, s'il y a réellement eu une enquête.

La famille de Bhavesh Bandhoo réclame des réponses et fait un appel pour que la lumière soit faite sur la mort tragique de leur fils. Le bureau du Directeur des poursuites publiques pourrait aussi être sollicité.

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