Ile Maurice: La FCC pour porter un coup mortel à l'opposition ?

Le mercredi 26 juin aura été une journée mémorable pour la famille Hajee Abdoula. Tant sur le plan professionnel que politico-juridique. En effet, ce mercredi 26 juin, Sattar Hajee Abdoula, un mignon du Sun Trust, a été reconduit dans ses fonctions de chairman de la SBM Holdings, laquelle entité est propriétaire de la State Bank et gros actionnaire dans plusieurs institutions.

D'autre part, en ce même mercredi 26 juin, l'avocat Ali Hajee Abdoula a annoncé en cour que la Financial Crimes Commission (FCC) s'occupera de Navin Ramgoolam bientôt. Le jeune Ali est le neveu du chairman de la SBM. Me Hajee Abdoula est l'avocat de l'Integrity Reporting Services Authority (IRSA) qui a été absorbée par la FCC. Donc, techniquement, l'avocat Hajee Abdoula serait en mesure de savoir comment le grand Navin Beekarry, le chef de la FCC, va opérer contre le chef de l'alliance de l'opposition.

Créer une brèche

Nombreux sont les Mauriciens qui soupçonnent fort la FCC de vouloir monter un grand coup contre Navin Ramgoolam dans le cadre d'une opération visant plusieurs objectifs. Tout d'abord, une occasion serait trouvée pour porter atteinte encore plus à la vie privée du leader travailliste et le discréditer auprès de la population. Ensuite, on chercherait à créer une brèche dans l'opposition, en amenant le MMM à se démarquer de l'ancien Premier ministre. Un autre objectif recherché serait d'amener une profonde division à l'intérieur même du Parti travailliste, en montant les anti-Ramgoolam contre les fidèles du leader rouge.

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En sus de ces objectifs s'articulant autour du personnage de Navin Ramgoolam, le but ultime du MSM serait l'arrestation et la détention de l'ancien Premier ministre pendant la campagne électorale. Une telle opération stratégique a été menée avec succès en Inde quand Arvind Kejriwal, leader de l'Aam Aadmi Party [parti du petit peuple], un farouche adversaire de Narendra Modi qui contrôle New Delhi et l'État du Pendjab, s'est retrouvé en détention pour presque toute la durée de la récente campagne électorale.

Le Bharatiya Janata Party (BJP) de Modi a profité de son absence dans les rangs de l'opposition. Si Kejriwal était resté actif, le BJP aura connu d'autres échecs encore. Mais Kejriwal n'était qu'un leader parmi d'autres alors que Navin Ramgoolam est incontestablement reconnu comme le seul adversaire crédible du Premier ministre Pravind Kumar Jugnauth (PKJ).

Tout le travail de l'opposition dans le contexte de sa participation aux élections générales serait lourdement affecté par une arrestation de Navin Ramgoolam. Il y va de la finalisation de la liste des candidats, de la présentation du programme électoral de même que de la préparation du calendrier des meetings et de l'élaboration des thèmes de campagne.

Ce serait un risque bien calculé que prendrait le MSM. Toutefois, la situation resterait largement contrôlable car ceux qui s'opposeraient à l'arrestation du leader rouge ne s'aventureraient pas hors de l'écran de leur portable. Tout au plus, cela exploserait sur les médias sociaux sans le moindre champ de canne incendié.

Certains pensent que pour donner l'impression que la FCC et la police fonctionnent de façon équitable, le MSM pourrait procéder à la destitution et à l'arrestation d'une forte tête dans son propre camp. On pourrait dire alors qu'il ne serait pas question de politik dominer visant particulièrement Navin Ramgoolam mais que, même au gouvernement, ceux qui ont fauté auront des comptes à rendre.

Cette recherche de traitement équitable s'avérerait problématique pour le MSM car le parti pourrait ouvrir les vannes d'un débordement incontrôlable de récriminations à l'intérieur du parti. On se demanderait pourquoi le leadership du MSM lâche X alors que Y qui a «mangé davantage» reste intouchable. Ne dit-on pas que pour des peccadilles, le grand Raj Dayal a été cassé alors que des «requins» nagent toujours ?

Cette option de traitement équitable est soupçonnée par ceux qui voient une étrange coïncidence dans le fait qu'un document superbement écrit par quelqu'un qui utilise le jargon légal et officiel a circulé à l'encontre du commissaire de police Anil Kumar Dip au moment même où on annonce une action de la FCC contre Navin Ramgoolam. Dans le document anti-Dip, on invite la FCC à agir contre le commissaire de police.

Pourtant, ce dernier, qui était responsable de la Special Mobile Force (SMF) quand les urnes des élections générales de 2019 ont été sécurisées à Vacoas, a bénéficié par la suite de bien des faveurs du pouvoir politique, dont sa nomination comme commissaire de police et le recours à des King's Counsels de Londres rétribués à coups de millions dans son combat contre le Directeur des poursuites publiques. D'après une vieille tradition indienne, avant de sacrifier un animal sur un autel quelconque, on l'enguirlande.

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