Kenya: Manifestations au pays - «Je n'ai pas de sang sur les mains», assure le président William Ruto

Pendant deux heures, dimanche 30 juin au soir, le président kényan William Ruto a répondu aux questions de trois journalistes de grands médias kényans. Au coeur de la discussion, la contestation antigouvernementale qui a secoué le pays ces deux dernières semaines. Mardi 25 juin, une manifestation avec plusieurs dizaines de milliers de personnes a viré au bain de sang, la police tirant à balles réelles. Au moins 30 personnes ont été tuées selon l'ONG Human Rights Watch, au moins 22 selon l'organe officiel de défense des droits humains.

« Votre excellence, est-ce que vous avez du sang sur vos mains ? ». C'est la question qu'un journaliste a adressé au président William Ruto. Après avoir rappelé le bilan des manifestations, mais aussi les nombreux cas d'enlèvements de militants dénoncés par les organisations de défense des droits humains.

« Je n'ai pas de sang sur mes mains. D'après les chiffres des agences de sécurité, 19 personnes ont perdu la vie. C'est regrettable. En tant que démocratie, cela ne devrait pas faire partie de notre conversation. L'équivalent de 17 millions d'euros de dégâts matériels a été causé. Le bureau de la présidente de la Cour Suprême a été incendié. L'hôtel de ville a été incendié. Le Parlement a été incendié. Chaque vie qui a été perdue doit tous nous déranger, en commençant par moi », s'est défendu le chef de l'État kényan.

Promesse de restrictions budgétaires

La société civile donne un chiffre plus élevé que celui de 19 tués. Des enquêtes seront menées, a affirmé le Président Ruto. Face aux critiques sur l'opulence de son administration, il a promis des restrictions budgétaires. En commençant par la suspension de financements pour des postes très contestés, comme celui de la première dame.

Sur les réseaux sociaux, les réactions ont afflué. Certains déplorent l'accent mis par le chef de l'État sur les pertes matérielles plutôt qu'humaines. D'autres encore soulignent leur manque de confiance dans les propos du président. « Les Kényans ne vous associent plus avec la vérité », a d'ailleurs insisté un journaliste face à William Ruto, qui est apparu à plusieurs reprises déstabilisé. Ce week-end, plusieurs militants ont rejeté son appel à un dialogue national.

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