Madagascar: À Antananarivo, «l'autre monde» d'un centre pour sans-abris, de la rue à la réinsertion

Rare initiative de prise en charge des habitants des rues dans le pays, alors qu'en dix ans, la pauvreté a explosé dans les villes malgaches, selon les dernières données de la Banque mondiale, le centre AIM (Akany Iarivo Mivoy), cogéré par la fondation privée Axian et la Commune urbaine d'Antananarivo accueille 148 résidents. Tous ont connu la violence et les difficultés de la rue. Ici, ils ont quelques mois pour se reconstruire, scolariser leurs enfants et se soigner gratuitement. Une réinsertion voulue durable, qui passe aussi par le travail.

Dans cet atelier de couture, Jenny a les mains vissées sur sa machine à coudre. Il y a quelques mois encore, elle vivait seule avec ses quatre enfants dans un abri de fortune, sans aucune ressource. Après un an de formation au sein du centre, elle vient de décrocher un emploi CDI dans une usine de textile de la zone franche d'Antananarivo.

« Le plus important, c'est l'assiduité aux cours de couture. J'ai passé des tests pour être embauchée par mon entreprise actuelle, qui me paye 260 000 ariary, (près de 55 euros) par mois. Et j'ai tout de suite maîtrisé les techniques requises ! », se réjouit la jeune femme.

Chaque résident doit se former

Un parcours qui résume à lui seul la philosophie des lieux. Ici, qu'il s'agisse de cuisine ou d'artisanat, chaque résident doit se former, en contrepartie d'un cadre de vie propice au développement de nouvelles compétences. Nirina y est responsable adjointe. « C'est vraiment un autre monde par rapport à ce qu'ils vivaient avant le centre. Ils ont un toit, des soins médicaux, ils peuvent manger trois par jour comme le reste des Malgaches, alors que dans la rue, ils ne pouvaient faire qu'un repas, voire aucun dans une journée ».

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Au milieu de la cour, très animée cet après-midi-là, Jeanne-Irène n'a pas quitté sa blouse de travail. Tout juste embauchée dans un restaurant partenaire du centre comme femme de ménage, cette mère de quatre enfants, veuve, aborde l'avenir sereinement. « Je n'ai pas peur de sortir du centre. Mon fils à une maladie chronique, la seule chose que je redoute, c'est que ses soins médicaux épuisent mes économies. Mais je me sens prête à affronter la vie dehors », assure-t-elle.

Les entreprises partenaires du centre restent encore trop peu nombreuses pour offrir à chaque résident un emploi à leur sortie. Face à l'explosion de la pauvreté à Antananarivo, les responsables du centre disent ne pas pouvoir agir seuls et appellent le secteur privé à jouer son rôle dans la réinsertion des sans-abris.

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