Sénégal: Le bras de fer entre Ousmane Sonko et l'Assemblée nationale se poursuit

Ousmane Sonko, Premier Ministre de la République du Sénégal

Au Sénégal, les députés devaient se réunir samedi 29 juin au matin pour un débat d'orientation budgétaire, mais le bureau de l'Assemblée nationale a finalement décidé d'annuler ce débat. C'est un nouvel épisode du bras de fer qui dure depuis plusieurs jours autour du refus du Premier ministre Ousmane Sonko de venir faire sa déclaration de politique générale devant l'Assemblée. L'opposition, majoritaire dans l'hémicycle, agite la menace d'une motion de censure.

L'annonce est tombée peu avant midi : le bureau de l'Assemblée nationale composé en majorité de députés du groupe Benno Bokk Yakaar de l'ancien président Macky Sall décide d'annuler le débat d'orientation budgétaire prévu avec le ministre des Finances.

Ils expliquent réagir « aux propos d'une extrême gravité » du Premier ministre Ousmane Sonko. Vendredi 29 juin, il a annoncé qu'il ne viendrait pas faire sa déclaration de politique générale devant l'Assemblée nationale tant que le règlement intérieur ne serait pas modifié. En effet, le règlement ne fait plus mention de cette déclaration depuis la suppression du poste de Premier ministre en 2019. Il n'a pas été mis à jour depuis le rétablissement de la fonction en 2021.

Un manque de respect

Pour le bureau, le Premier ministre manque de respect envers l'Assemblée nationale. Il accuse aussi Ousmane Sonko de menacer les institutions sénégalaises et de chercher à contourner la Constitution qui fait bien mention de la déclaration de politique générale, tout en laissant le soin au bureau de l'Assemblée d'en définir les modalités.

%

« Monsieur le Premier ministre a réduit l'Assemblée nationale à sa plus simple expression parce qu'il dit ne considère pas l'Assemblée nationale, qu'il ne viendra pas faire sa déclaration de politique générale, a déploré Abdou Mbow, le chef du groupe parlementaire Benno Bokk Yakaar de la majorité. Nous avons demandé au président de l'Assemblée nationale de prendre contact avec le président de la République pour que ce problème puisse être réglé. »

Menace de motion de censure

Dans le même temps, les députés Benno Bokk Yakaar menacent le gouvernement d'une motion de censure et de présenter un projet de loi pour rendre impossible une dissolution de l'Assemblée nationale par le président de la République en cas de blocage.

Ayib Daffé, président du groupe parlementaire Yewwi Askan Wi, fidèle à Ousmane Sonko, n'est pas inquiet et renvoie ses confrères au règlement : « Ils n'ont qu'à faire une motion de censure, qu'est-ce qu'ils attendent ? C'est ridicule ! Pour la faire, il faut qu'ils renvoient au règlement intérieur alors qu'ils ont supprimé la motion de censure dans le règlement intérieur. Nous, on leur demande de remettre la motion de censure, ils ne veulent pas le faire, c'est ubuesque. On n'est pas bloqué, le fait de ne pas faire une déclaration de politique générale n'empêche pas le gouvernement de dérouler sa politique. »

Si le règlement intérieur n'est pas modifié le 15 juillet, Ousmane Sonko a annoncé qu'il ferait sa déclaration devant une assemblée citoyenne.

AllAfrica publie environ 600 articles par jour provenant de plus de 100 organes de presse et plus de 500 autres institutions et particuliers, représentant une diversité de positions sur tous les sujets. Nous publions aussi bien les informations et opinions de l'opposition que celles du gouvernement et leurs porte-paroles. Les pourvoyeurs d'informations, identifiés sur chaque article, gardent l'entière responsabilité éditoriale de leur production. En effet AllAfrica n'a pas le droit de modifier ou de corriger leurs contenus.

Les articles et documents identifiant AllAfrica comme source sont produits ou commandés par AllAfrica. Pour tous vos commentaires ou questions, contactez-nous ici.