Le 30 juin 1960, la République démocratique du Congo (RDC), à l'instar de bien des pays de l'Afrique, accédait à la souveraineté nationale et internationale. Plus de soixante ans après, le pays célèbre l'évènement dans un contexte particulier marqué par une instabilité sécuritaire à nulle autre pareille.
Dès lors, on comprend pourquoi le président congolais, Félix Tshisékédi, dans son adresse à la Nation à l'occasion du 64e anniversaire de l'indépendance, a axé son discours sur les défis sécuritaires auxquels est confronté son pays.
En effet, la situation est si complexe et critique que la RDC ne saurait parler d'indépendance dans la mesure où nombreuses sont les localités du pays qui sont sous coupe réglée des groupes armés rebelles, en l'occurrence le M23 soutenu, dit-on, par le Rwanda voisin.
A preuve, le 29 juin dernier, soit à la veille même de la commémoration de l'accession à l'indépendance, trois localités que sont Kanyabayonga, Kayna et Kirrumba, sont tombées les unes après les autres, passant ainsi sous le contrôle des rebelles qui semblent avancer la fleur au fusil.
C'est dire que pendant que paradent soldats et policiers au cours d'un défilé mixte à Kinshasa, des Congolais souffrent le martyre dans le Nord-Kivu. D'autres, craignant pour leur vie, ont dû migrer vers les zones plus sécurisées, bravant ainsi la soif et la faim.
Tant et si bien que l'on se demande si le président Félix Tshisékédi n'aurait pas été mieux inspiré s'il avait supprimé ce défilé, pour appeler ses compatriotes à la réflexion et à l'introspection .
La RDC n'a pas une armée digne de ce nom capable de porter l'estocade aux envahisseurs
A moins que, sait-on, cela ne participe d'une stratégie visant à remonter le moral des troupes sur le terrain et espérer du même coup, déstabiliser moralement l'adversaire. Car, tout se passe, en effet, comme si la RDC est victime de son gigantisme ; tant elle a du mal à assurer le contrôle de ses frontières.
A cela s'ajoutent les nombreuses ressources naturelles dont elle regorge, et qui, on le sait, attisent les convoitises de ses voisins et des grandes puissances occidentales. Malheureusement, le pays n'a pas une armée digne de ce nom capable de porter l'estocade aux envahisseurs qui profitent du chaos pour le piller.
Et plutôt que d'unir leurs forces pour sauver leur pays qui brûle, la classe politique s'adonne à des querelles de chiffonniers au point que l'on se demande si certains acteurs ne sont pas en intelligence avec des forces extérieures, rendant ainsi davantage illisible la situation.
Pendant ce temps, le président Tshisékédi qui devrait prendre l'initiative d'un dialogue national inclusif à l'effet de se pencher sur la crise que vit le pays, adopte une posture pour le moins incompréhensible, se refusant de négocier avec non seulement le Rwanda qu'il accuse de tous les péchés... de la RDC, mais aussi avec le M23 qui, chaque jour qui passe, gagne du terrain.
Fashi, ainsi qu'on l'appelle, devrait être gêné aux entournures de voir son pays célébrer l'accession à son indépendance sous des rafales de tirs. En tout cas, si rien n'est fait pour inverser le rapport de forces sur le terrain, le magistère de Tshisékédi fils sera vécu comme une période douloureuse par ses compatriotes à qui il avait pourtant promis le pain et la sécurité.