Ile Maurice: Dip trempe dans les controverses

Il est le commissaire de police (CP) depuis février 2022. Anil Kumar Dip se trouve actuellement au coeur d'une controverse à la suite d'accusations graves déposées à la Financial Crimes Commission (FCC) concernant l'acquisition de voitures de fonction.

Au départ, il souhaitait redorer le blason de la profession et lutter contre la mafia. Il a démarré son parcours dans la police comme simple constable puis a gravi les échelons de la hiérarchie. Cependant, sa carrière n'a pas été sans histoires et controverses. Il est en effet le premier CP à avoir connu la prison - de l'intérieur - ayant passé une nuit à l'ombre, en 2013, dans le cadre de l'affaire de détournement à la Bramer Bank. Il est aussi le premier CP à contester les pouvoirs constitutionnels du Directeur des poursuites publiques (DPP) devant la Cour suprême. Focus sur «l'homme fort des Casernes centrales»

Marié et père de deux enfants, Anil Kumar Dip, âgé de 64 ans, a succédé à Khemraj Servansing au poste de CP en février 2022 donc. Le nouveau CP avait fait l'objet d'une campagne de dénigrement avant que le mandat de Khemraj Servansing n'arrive à échéance au début de mai 2021. Le nom de Dip était alors déjà cité comme successeur potentiel. Il était le Commanding Officer de la Special Mobile Force (SMF) et également directeur du National Emergency Operations Command.

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Détenteur d'un BSc et d'un MSc en Police Science and Management de l'université de Portsmouth en Grande-Bretagne, Anil Kumar Dip compte plus de 40 années de service. C'est en 1981, à l'âge de 21 ans, que ce natif de Rose-Belle a rejoint la force policière. Il a débuté sa carrière comme élément de la SMF et quelques années plus tard, il a été promu Cadet Inspector et a travaillé pendant de longues années au quartier général de la police.

Il a occupé plusieurs fonctions importantes, telles que Head of Training and Force Training Officer à la Police Training School, Divisional Commander (Metro, Southern & Western Divisions) et assistant commissaire à la Police Training School. Tout au long de sa carrière, il a bénéficié de plusieurs cours de formation à l'étranger, notamment sur le terrorisme, le financement du terrorisme, les crimes, la drogue et le trafic d'enfants.

Affaire Bramer Bank

Comme on le disait plus tôt, Anil Kumar Dip se distingue de ses prédécesseurs : il est le premier CP à avoir été en prison. En 2013, il avait passé une nuit en cellule. Cela, après son arrestation le 4 décembre 2013 dans le cadre d'une enquête sur un détournement allégué de Rs 80 millions au préjudice de la défunte Bramer Bank. Les charges provisoires retenues contre lui ont finalement été rayées, ce qui l'a amené à initier des poursuites contre la police et l'État, réclamant Rs 50 millions de dommages pour arrestation abusive et inculpation subséquente. La police le soupçonnait d'être au courant des transactions impliquant d'importantes sommes d'argent qui se déroulaient sous son toit. Il avait du coup été inculpé de complicité. Il avait été suspendu de ses fonctions mais avait pu réintégrer la police. Le fils du CP, Chandra Prakashsingh Dip, est considéré comme étant le présumé cerveau dans cette affaire de détournement. Il fait d'ail- leurs face à un procès devant la Financial Crimes Division dans cette affaire.

En guerre contre le DPP

Anil Kumar Dip est aussi devenu le premier CP à contester les pouvoirs constitutionnels de Me Rashid Ahmine devant la Cour suprême. Ces contestations trouvent leur origine dans l'affaire Bruneau Laurette, lorsque le DPP avait décidé de ne pas faire appel de la décision du tribunal de Moka d'accorder la liberté conditionnelle à l'activiste-politicien.

Par la suite, d'autres décisions du DPP ont été contestées, notamment dans les affaires impliquant le couple Singh et Akil Bissessur, ainsi que Chavan Dabeedin. La querelle entre Dip et le DPP s'est intensifiée autour de la question de savoir si le DPP agissait comme un conseil représentant l'État (representing counsel) ou comme un poursuivant judiciaire (prosecuting counsel). Pour compliquer la situation, le CP a tenté d'engager des avocats privés pour le représenter dans certaines affaires pénales, une démarche rejetée par la justice. Il est également à noter que pour ses affaires en cours, le CP Dip a retenu les services d'avocats privés, incluant ceux qui défendent généralement les cas de la majorité gouvernementale, ainsi qu'un King's Counsel.

Porsche & co

Le CP fait désormais face à de graves accusations concernant l'acquisition de voitures de fonction, selon une lettre de dénonciation adressée à la FCC, au Premier ministre ainsi qu'aux salles de rédaction. Le corbeau allègue dans cette missive qu'«Anil Kumar Dip utilise trois voitures de fonction neuves, d'une valeur totale de Rs 22 870 880 et financées par l'argent des contribuables, pour ses proches et lui-même». L'auteur de la lettre fait valoir qu'il s'agit d'un délit eu égard à l'article 22 de la FCC Act de 2023, qui concerne l'abus de pouvoir, plus précisément, de «public official using his office for gratification».

Selon cette lettre, le CP a droit à une voiture de fonction, dans la limite de la valeur maximale prescrite, pour un usage officiel et privé, ainsi qu'à une allocation mensuelle pour le carburant et une indemnité pour chauffeur ou aux services d'un chauffeur.

En résumé, Dip aurait utilisé l'argent des contribuables pour acheter deux voitures de luxe pour sa fille et son fils. Prix de la Porsche Macan et de la BMW X6 ? Rs 16 920 880... Si le principal intéressé n'a pas répondu aux allégations pour l'heure, du côté de la cellule de communication de la police, on explique qu'on ne souhaite pas commenter l'affaire, délicate

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