Les chefs de la diplomatie des pays membres de l'Alliance des Etats du Sahel (AES) ont récemment rencontré leurs homologues africains et occidentaux pour décliner les grands principes qui ont prévalus à l'adoption de leur démarche actuelle, dont le moins que l'on puisse dire est qu'ils sont justes et surtout essentiels dans la quête de développement de leurs Etats.
En effet, au vu de leur configuration de « petits » Etats sans liens organiques, affligés d'une faiblesse chronique et sous l'impulsion de puissances qui les ont insérés « mécaniquement » dans la mondialisation prédatrice, les perspectives sont pour le moins sombres.
Le fédéralisme et toutes les voies dérivées sont donc un moyen de survie. Un fédéralisme qui s'appuie sur une organisation politique et économique efficace, à réaliser à très court terme, au regard des résultats des ensembles auxquels ils ont appartenu jusque-là.
Que ce soit la libre circulation des personnes et des biens qui rencontre des difficultés pratiques sur le terrain, l'intégration monétaire qui reste encore une chimère ou la politique étrangère commune qui ressemble à une ligne d'horizon, les grandes questions restent entières sur le continent. Pendant ce temps, les autres poursuivent leurs chantiers d'intégration avec des difficultés et des heurts certes, mais une claire conscience de leur communauté de destin.
Chez nous, on préfère être tête de rat plutôt que queue de lion, en raison des intérêts de rentes politiques et économiques qui font que l'on est attaché aux frontières issues de la colonisation en faisant de leur intangibilité, un principe général du droit public continental.
L'abandon total ou partiel de sa souveraineté est considéré comme un « crime », alors que la culture nous enseigne que nous sommes un même peuple sur le continent avec le vitalisme et le matriarcat comme bases communes, avant l'entrée en contact avec les autres peuples, qui sont « venus nous vaincre sans avoir raison », selon Cheikh Amidou Kane.
Point d'intégration politique et économique donc, sans conscience culturelle et par ricochet, une refondation totale de nos systèmes éducatifs, pour redonner confiance et fierté aux jeunes générations et leur permettre d'aborder ces questions avec la sérénité requise. Nos trois états sont dans cette dynamique irréversible, car c'est la voie du salut. Nul doute qu'à force de pédagogie et de résultats probants sur le terrain, l'effet d'entraînement interviendra un jour. L'Afrique sera.