Burkina Faso: Liberté d'expression au pays - «Ne cherchons pas à contrôler les idées, pensées ou opinions des personnes»

Au Burkina Faso, le mouvement Servir et non se servir (Sens) a diffusé le 28 juin dernier un communiqué dénonçant le « bâillonnement des médias », suite à des arrestations et des sanctions dans le milieu médiatique burkinabè. Des actes qui vont « contre tous ceux qui ont quelque chose à dire, qui va dans un autre sens que ce que les autorités veulent entendre », s'insurge Yoporeka Somet, porte-parole de Sens.

Au Burkina Faso, on est toujours sans nouvelles du journaliste Adama Bayala. Un homme qui n'hésitait pas à critiquer les actions du gouvernement de transition. Une disparition alors que la politique répressive des autorités contre les médias se poursuit.

En moins d'une semaine, trois médias nationaux se sont vus suspendus ou considérablement restreints dans leur possibilité de diffuser leurs informations. Il s'agit du journal L'Événement suspendu un mois, d'une émission de la chaine de télévision BF1 suspendue 15 jours, et du site Faso.net mis en demeure par le Conseil supérieur de la communication (CSC).

À cela s'ajoutent l'arrestation et la disparition de deux journalistes, Serge Oulon et Khalifara Séré. Un « bâillonnement des médias », s'insurge le mouvement politique Servir et non se servir (Sens) dans un communiqué daté du 28 juin 2024. Le parti de Guy-Hervé Kam - lui-même emprisonné - dénonce des pratiques d'un autre âge qui visent à empêcher la presse et au-delà les Burkinabè de penser par eux-mêmes.

%

« Cette société-là, excusez-moi, ça s'appelle la dictature »

Yoporeka Somet porte-parole du mouvement politique Sens, s'insurge, au micro de Frédéric Garat : « Non seulement la parole des Burkinabè, mais aussi ce qu'ils pensent. Alors ça, c'est extraordinaire ! "Voilà ce que vous devez penser !". Mais qui sont-ils pour dire aux gens ce qu'ils doivent penser ? Il y a des lois, il y a déjà des lois qui répriment les idées ou les faits qui doivent être réprimés. Appliquons ces lois tout simplement et ça suffit. Ne cherchons pas à contrôler les idées ou les pensées ou les opinions des personnes. »

Il poursuit : « Et donc, notre déclaration s'adresse bien sûr aux autorités, d'abord au CSC, aux autorités du MPSR [le Mouvement patriotique pour la sauvegarde et la restauration, la junte au pouvoir depuis 2022, NDLR] mais aussi au peuple burkinabè, pour dire "trop c'est trop, il faut arrêter ça". Contre tous ceux qui ont quelque chose à dire, qui va dans un autre sens que ce que les autorités veulent entendre, c'est tuer la réflexion tout simplement. Pour faire place à quoi ? Simplement à ce que les autorités considèrent comme étant la vérité. Cette société-là, excusez-moi, ça s'appelle la dictature. Maintenant, s'ils veulent assumer cette façon de faire, et de dire "vous n'avez pas le droit de penser autrement que comme le gouvernement et les autorités en place", alors qu'on nous le dise clairement. »

Plusieurs cas d'enlèvements de voix considérées comme hostiles au régime militaire, au pouvoir depuis un coup d'État en septembre 2022 et dirigé par le capitaine Ibrahim Traoré, ont été rapportés ces derniers mois à Ouagadougou.

AllAfrica publie environ 600 articles par jour provenant de plus de 100 organes de presse et plus de 500 autres institutions et particuliers, représentant une diversité de positions sur tous les sujets. Nous publions aussi bien les informations et opinions de l'opposition que celles du gouvernement et leurs porte-paroles. Les pourvoyeurs d'informations, identifiés sur chaque article, gardent l'entière responsabilité éditoriale de leur production. En effet AllAfrica n'a pas le droit de modifier ou de corriger leurs contenus.

Les articles et documents identifiant AllAfrica comme source sont produits ou commandés par AllAfrica. Pour tous vos commentaires ou questions, contactez-nous ici.