Congo-Kinshasa: Un anniversaire au goût amer

Alors qu'on s'attendait à ce que le 64e anniversaire de l'indépendance de la République démocratique du Congo (RDC) soit un moment de rassemblement, c'est le contraire qui s'est produit.

Cette commémoration, qui s'est voulu sobre, aucune activité n'ayant été organisée, a plutôt étalé à la face du monde, les divergences politiques entre Congolais. Le discours du Président Félix Tshisekedi, censé apporter du baume dans les coeurs, a ravivé les critiques contre sa gouvernance.

Dans son adresse à la Nation intervenue dans la soirée, du samedi 29 juin 2024, veille de la date anniversaire de l'indépendance, le chef de l'Etat congolais, a fait la part belle à la situation sécuritaire dans l'Est du pays. Aussi, a-t-il par ailleurs évoqué les perspectives économiques de la RDC, favorables à son avis, dans un contexte où ses compatriotes voient rouge, à cause de l'inflation et de la chute de la monnaie nationale. Sur le plan de l'insécurité, Félix Tshisekedi est revenu sur la prise de la ville clé de Kanyabayonga et autres localités dans la province du Nord-Kivu, par les rebelles du M23, le vendredi 28 juin. Il a dénoncé une

« agression flagrante » contre la souveraineté de la RDC, tout en relevant avoir donné des instructions fermes pour la sauvegarde de l'intégrité territoriale du pays. Le chef de l'Etat congolais a réaffirmé à l'occasion, son engagement à investir en priorité dans le renforcement des capacités de l'Etat en matière de sécurisation de la RDC avec un budget conséquent. S'il a cru livrer un discours apaisant et porteur à l'égard de ses compatriotes, Félix Tshisekedi a plutôt soulevé le courroux de ses opposants qui, en réaction, ont vivement critiqué sa gouvernance.

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Des leaders de l'opposition, tels Moïse Katumbi et Martin Fayulu ont fustigé le « manque » de vision et d'efficacité du chef de l'Etat, quand le mouvement de la société civile « La Lucha » l'accuse d'avoir « hypothéqué » la souveraineté du pays. Félix Tshisekedi a quasiment fait l'objet d'un tir groupé dans un contexte, qui ne lui est pas vraiment favorable. Depuis son avènement au pouvoir en 2018 et sa réélection en 2023, la RDC ne semble pas véritablement aller mieux.

Certes, des efforts ont été consentis par le régime en place, mais les défis restent énormes pour ce pays de l'Afrique centrale qui traine toujours plusieurs tares : népotisme, vols et pillage des deniers publics, corruption, train de vie de l'Etat non maitrisé...Mais le plus dur à supporter pour les Congolais, c'est surtout l'insécurité qui, il faut l'avouer, constitue la tâche noire de la gouvernance Tshisekedi.

Même s'elle est complexe, avec l'implication avérée du Rwanda comme le soutient l'ONU, le problème de l'insécurité dans l'Est de la RDC met à rude épreuve le pouvoir de Tshisekedi qui peine à le résoudre. Plus les jours passent, plus on a l'impression que la situation sécuritaire dans cette partie du pays est totalement hors de contrôle. Sur la sel-lette, le président Tshisekedi a tout intérêt à travailler pour rassurer bon nombre de ses compatriotes, qui sombrent manifestement dans le pessimisme.

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