La deuxième législature de la IVème République a officiellement pris fin hier. En dehors des différentes lois adoptées, cette dernière législature était également très mouvementée.
Double cérémonie à Tsimbazaza, hier. La fermeture officielle de la session parlementaire s'est déroulée avec celle des mandats des 151 députés élus en 2019. Occasion pour Jean Jacques Rabenirina, président par intérim de l'Assemblée nationale, de faire le bilan de ces cinq années de mandat mais surtout de ses quelques mois à la tête de la Chambre basse. A Tsimbazaza, sur les 151 élus, une bonne partie n'a pas pu renouveler leur mandat. Pour eux, il s'agit d'une séance d'adieu bien que l'ambiance était morose et beaucoup d'entre eux ont choisi de ne plus assister à la cérémonie.
Respecté
En effet, selon la Loi fondamentale, dans son article 39, « Les membres de l'Assemblée nationale sont élus pour cinq ans au suffrage universel direct ». La loi organique n°2018-010, dans son article 2, quant à lui, stipule que « les pouvoirs de l'Assemblée nationale expirent la veille du jour de la cinquième année de la proclamation des résultats officiels des élections de ses membres par la Haute Cour Constitutionnelle. Le mandat des députés de l'Assemblée nationale est de cinq ans. L'Assemblée nationale se renouvelle intégralement ».
Des textes qui ont été respectés, selon Jean Jacques Rabenirina, président par intérim de l'Institution, car la proclamation des résultats officiels des élections législatives de 2019 s'est ténue le 2 juillet de la même année. En tout cas, jusqu'au dernier jour, ces députés ont brillé par leur « absentéisme ».
Motion de censure
Cette dernière législature a été notamment ponctuée par des événements qui ont mis le pays dans un climat d'incertitude et de tension. Au mois de novembre et décembre 2022, une motion de censure contre le gouvernement a été déposée au niveau du bureau permanent de la Chambre basse, elle a recueilli 105 signatures. Parmi les motifs évoqués par les députés frondeurs figure : le « Non-respect de la Constitution », notamment en matière de séparation des pouvoirs.
Les députés reprochent au gouvernement de faire une ingérence dans la gestion des affaires intérieures de l'Assemblée nationale. Alors que les méfiances causées par cette motion avortée étaient encore bien visibles dans les relations que le gouvernement entretient avec les élus de la Chambre basse, des face-à-face annulés, pas de présentation de la Politique Générale de l'Etat, l'Assemblée a été très mouvementée durant l'année 2023.
Outre les élus cités dans différents scandales, un président de groupe parlementaire a même été conduit à la brigade de recherche criminelle à Fiadanana. L'année dernière, la législature s'est achevée par la destitution de sa présidente, Christine Razanamahasoa.
Béni-ou-oui
Quoi qu'il en soit, Jean Jacques Rabenirina a glissé quelques mots pour les députés nouvellement élus et/ou réélus. « A l'heure actuelle, à l'instar de bon nombre de pays, notamment ceux du continent africain, Madagascar traverse une période particulièrement difficile, inflation galopante, paupérisation généralisée, insécurité préoccupante, perte de repère morale et culturelle. Il importe de porter remède à ces maux qui gangrènent la vie de la nation », a soutenu le président par intérim de l'Assemblée avant d'ajouter que « toutes les institutions de la République ont un rôle à jouer dans cette véritable croisade en particulier les représentants élus du peuple qui vont siéger au sein de notre institution, ils doivent jouer pleinement leur rôle de solombavambahoaka, porte-paroles du peuple, être à l'écoute de ses besoins en apportant les solutions rapides et concrètes à ses problèmes ».
Jean Jacques Rabenirina exhorte les élus qui vont siéger à Tsimbazaza à jouer pleinement leur rôle de législateurs, à assurer en même temps les contrôles attentifs et vigoureux des actions de l'Exécutif. « Qu'on ne nous affuble plus de sobriquets tel que "Parlement croupion composé de béni-oui-oui" », a-t-il soutenu.