Nigeria: L'attentat de Gwoza s'inscrit dans le cadre de la lutte entre djihadistes pour le contrôle de la zone ?

Ville de Borno.

Abuja — Le nombre de victimes du quadruple attentat perpétré le 29 juin à Gwoza, dans l'État de Borno, au nord-est du Nigeria, s'élève à 32.

Certains des blessés, une cinquantaine, sont décédés à l'hôpital où ils avaient été admis en raison de leurs graves blessures. Quatre femmes ont commis les quatre attentats suicides. La première, qui était accompagnée d'un enfant, s'est fait exploser lors d'une réception de mariage.

Une deuxième kamikaze s'est fait exploser à un poste de contrôle alors qu'elle était arrêtée par les militaires pour un contrôle. Par la suite, une troisième explosion, également causée par une kamikaze, a touché un hôpital. Enfin, un quatrième djihadiste s'est fait exploser lors de la prière funéraire des victimes du premier attentat, selon le précepte islamique de Janaza.

Selon des sources policières, d'autres attentats qui étaient en passe d'être perpétrés dans cette ville de 300 000 habitants, qui avait été occupée en 2014 par Boko Haram, avant d'être reprise par les militaires nigérians, avec l'aide des militaires tchadiens, en 2015, ont été stoppés.

Les attaques n'ont pour l'instant pas été revendiquées, mais les enquêteurs soupçonnent qu'elles ont été commises par l'une des deux principales factions en lesquelles Boko Haram s'est scindé, celle appelée Jama'tu Ahlis Sunna Lidda'awati wal-Jihad (JAS). L'autre, la province d'Afrique de l'Ouest de l'État islamique (ISWAP), a rejoint l'État islamique, devenant la "province d'Afrique de l'Ouest".

Les deux formations rivales se disputent le contrôle de vastes régions du nord-est du Nigeria depuis la mort du chef de la JAS, Abubakar Shekau, en 2021, qui s'est suicidé pour éviter de tomber entre les mains de ses rivaux de l'ISWAP qui avaient encerclé sa cachette.

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La JAS opère désormais entre les îles du lac Tchad (dont les rives touchent le Nigeria, le Tchad et le Cameroun) et les monts Mandara. Les deux factions se sont livrées à des combats acharnés, chacune ayant perdu plusieurs hommes lors d'affrontements entre djihadistes.

Les deux groupes ont une approche différente des civils musulmans, qui constituent la majorité de la population de la région. Alors que le JAS considère tous les civils comme des proies à piller, l'ISWAP traite les musulmans différemment des non-musulmans. Il a essayé d'améliorer les relations avec les civils musulmans en les taxant et en assurant sa propre version de la loi et de l'ordre, au lieu de les voler, comme le fait le JAS.

Cette dernière formation, beaucoup moins bureaucratisée que l'autre, tend à accorder une large autonomie à ses commandants militaires. Ainsi, les attaques du 29 juin auraient pu être décidées par une faction locale ou par la direction du JAS, dont le fief se trouve non loin de Gwoza.

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