Au Cameroun, la fille du président Paul Biya a publiquement déclaré son amour pour une femme, alors que l'homosexualité est encore réprimée dans le pays.
Au Cameroun, Brenda Biya, la fille ainée du président Paul Biya, a mis fin aux rumeurs et spéculations concernant son orientation sexuelle. Samedi dernier (29.06), la jeune femme de 26 ans a publié une photo intime sur les réseaux sociaux où elle embrasse une femme qui serait sa compagne brésilienne. "Je suis folle de toi et je veux que le monde le sache, Laoncita", peut-on lire sur le compte Instagram de Brenda Biya.
C'est la première fois qu'un membre de la famille présidentielle prend position sur cette question sociétale sensible qu'est l'homosexualitéau Cameroun.
Société conservatrice
Dans l'opinion publique, les réactions sont très polarisées entre soutien et condamnation.
Le Cameroun reste une société très conservatrice sur les questions de morale et de valeurs familiales. Le gouvernement a toujours fait face à de fortes pressions des groupes religieux et traditionalistes opposés à toute légalisation de l'homosexualité dans le pays.
Pour le pasteur François Tong, Brenda Biya "veut encourager cela, profiter de sa position pour mettre la pression à son père. Cela va à l'encontre des moeurs que nous nous sommes habitués à préserver dans ce pays. Et en tant qu'homme de Dieu, nous allons prendre des dispositions en priant afin que l'ordre établi par le Créateur soit respecté".
Jusqu'à cinq ans de prison
Pour Hamlet Kwain, défenseur des droits des homosexuels au Cameroun, la publication de la fille du président pourrait donner plus de visibilité et de légitimité au mouvement pour les droits LGBTQ+ dans le pays et pousser le gouvernement à réévaluer sa position.
"Je ne pense pas que son coming out sur les réseaux sociaux conduira directement à une dépénalisation de l'homosexualité, mais je crois que cela ouvrira la porte à de nouveaux débats, estime Hamlet Kwain. Des débats qui permettront de briser les tabous et d'éduquer la société sur les défis et les enjeux auxquels sont confrontées les minorités sexuelles. En réalité, ces relations n'ont pas d'impact négatif sur la société. Aborder cette question pourrait aider à faire évoluer."
Actuellement, la loi camerounaise prévoit de 6 mois à 5 ans de prison pour des personnes homosexuelles.