La situation reste tendue au Kenya et ce, malgré le retrait par le président William Ruto, du projet de budget 2024-2025 prévoyant des hausses d'impôts. Projet qui a conduit à des contestations de rue, ayant entrainé la mort de 39 personnes, selon le bilan de « Human Rights Watch ». Près d'une semaine après l'engagement pris par le chef de l'Etat, la contestation ne faiblit pas. En effet, le 2 juillet 2024, les Kenyans étaient encore dans la rue. Des rassemblements dispersés par la Police à coup de gaz lacrymogènes.
Cette manifestation et celles qui ont eu lieu malgré le retrait du projet de loi, sont la preuve que le rétropédalage du président n'a visiblement pas calmé la jeunesse en colère. Un signe sans aucun doute d'une rupture de confiance entre cette jeunesse qui l'avait porté à la tête du pays en 2022. Lui qui, pour son élection il y a près de deux ans de cela, s'était engagé à défendre les plus démunis. Ancien vice-président avant d'être élu président du Kenya, il avait certainement connaissance des besoins, des préoccupations et des priorités des Kenyans. Mais hélas ! Car, alors que ses concitoyens espéraient une rupture d'avec la mauvaise gouvernance, William Ruto n'a pas fait de la gouvernance vertueuse, sa boussole.
La contestation contre la hausse du budget s'est transformée en un mouvement insurrectionnel
En effet, dans ce pays dit pauvre, dont la dette publique est évaluée à environ 10 000 milliards de shillings, soit environ 70% du PIB, l'élite dirigeante vit dans l'opulence pendant que les plus démunis tirent le diable par la queue. Le projet des hausses d'impôts a été donc la goutte d'eau de trop pour la classe populaire kényane qui en a profité pour crier son ras-le-bol. Si fait que la contestation contre la hausse du budget 2024-2025 du pays, prévoyant notamment une TVA de 16% sur le pain et une taxe annuelle de 2,5% sur les véhicules particuliers, s'est très rapidement transformée en un mouvement insurrectionnel. En effet, le slogan lors des manifestations est le suivant : « Ruto must go ! » (Ruto doit partir !).
Ce dernier va-t-il entendre l'appel de la jeunesse ? Rien n'est moins sûr surtout que ces derniers jours, l'on constate une légère baisse de la mobilisation consécutive à la décision du chef de l'Etat de retirer le projet de loi. Le président cherche-t-il à avoir les manifestants à l'usure ? On attend de voir d'autant plus qu'il a laissé entendre que les mesures fiscales jugées impopulaires, sont nécessaires pour redonner une marge de manoeuvre au pays lourdement endetté. Les augmentations de taxes prévues, avait-t-il tenté de se défendre, doivent aider au financement de l'ambitieux budget 2024-2025 tablant sur 4 000 milliards de shillings, soit environ 29 milliards d'euros de dépenses ; ce qui est un record. Qu'à cela ne tienne, qui pour sauver le soldat Ruto aujourd'hui à la peine ? L'avenir nous le dira.