Plus de 55.000 personnes ont fui la ville de Sinjah, capitale clé l'État de Sennar, au sud-est du Soudan, à la suite à l'escalade du conflit entre les Forces armées soudanaises (SAF) et les paramilitaires des Forces de soutien rapide (RSF), ont rapporté des agences humanitaires des Nations Unies.
Les affrontements, qui ont commencé à Jebel Moya le 26 juin, se sont étendus à la ville de Sinjah le 29 juin, provoquant une « panique généralisée » et des déplacements. Les habitants ont fui les combats, les pillages et les problèmes de sécurité, la plupart d'entre eux ayant trouvé refuge dans la localité d'Al Rahad, dans l'État de Gedaref, mais aussi au Nil Bleu, Nil Blanc et Kassala, selon un document de l'Organisation internationale pour les migrations (OIM).
Si ces combats sont parfois suivis de saccages et pillages de maisons ou de magasins, les déplacés signalent aussi que les coûts de transport sont montés en flèche et que les véhicules sont rares. « On rapporte que des personnes déplacées ont entrepris un voyage périlleux jusqu'à la ville de Dinder », a détaillé le Bureau de coordination des affaires humanitaires de l'ONU (OCHA), relevant que « les Nations unies et leurs partenaires n'ont pas été en mesure de vérifier ces informations de manière indépendante ».
Les autorités locales tablent sur l'arrivée de 130.000 déplacés
L'Etat de Sennar, qui abrite plus d'un million de déplacés, connecte le centre du Soudan au sud-est contrôlé par l'armée et où des centaines d'autres milliers d'autres déplacés avaient trouvé refuge.
« La Commission d'aide humanitaire du gouvernement (HAC) dans l'État de Gedaref a indiqué que l'on pouvait s'attendre à ce qu'environ 130.000 personnes fuient l'État de Sennar au cours des prochains jours », a détaillé dans son dernier rapport, l'OCHA. Ce chiffre comprend 50.000 résidents de l'État de Sennar et 80.000 personnes déplacées à l'intérieur du pays (PDI) d'Aj Jazirah, de Khartoum, du Darfour et du Kordofan, qui se sont réfugiées à Sennar depuis la mi-avril 2023.
Ces récents mouvements de population interviennent au moment où les gouvernements des États de Kassala, de Gedaref et de la mer Rouge rouvrent les écoles. Celles-ci déplacent ainsi les personnes déplacées de certaines écoles vers d'autres bâtiments scolaires et des sites de rassemblement.
Face à l'afflux des déplacés, les Nations unies et leurs partenaires à Gedaref ont commencé à planifier l'arrivée des personnes déplacées de Sennar. Le Programme alimentaire mondial (PAM) y dispose ainsi de stocks alimentaires et nutritionnels suffisants pour répondre aux besoins de 50.000 personnes et peut en apporter d'autres si nécessaire.
Un « niveau de crise » de la faim sans précédent
Une guerre oppose depuis avril 2023 les Forces armées soudanaises (SAF) aux paramilitaires des Forces de soutien rapide (RSF). Elle a fait des milliers de morts et plongé ce pays d'Afrique du Nord-Est au bord de la famine, selon l'ONU. Plus de la moitié de la population, soit environ 26 millions de personnes, est confrontée à un « niveau de crise » de la faim.
Le conflit a également provoqué le déplacement de près de 10 millions de personnes dont plus de deux millions, qui ont traversé les frontières vers les pays voisins. L'ONU estime que le quart des personnes déplacées initialement avant le début du conflit actuel ont subi un déplacement secondaire depuis le 15 avril 2023.
Les principaux États d'origine des personnes déplacées sont Khartoum (36 %), le Darfour-Sud (20 %) et le Darfour-Nord (14 %). Les États accueillant le plus de personnes déplacées sont le Darfour Sud (17 %), le Darfour Nord (14 %) et le Darfour Central (8 %).
Un convoi alimentaire de l'ONU attaqué et des fournitures pillées dans un contexte d'aggravation de la crise
La situation est particulièrement préoccupante dans la région du Darfour, qui a été le théâtre de combats intenses entre les forces armées soudanaises (SAF) et les forces paramilitaires de soutien rapide (RSF).
Selon les humanitaires de l'ONU, la vie de 800.000 personnes « est en jeu » alors que les combats font rage dans les zones densément peuplées de la capitale provinciale El Fasher, causant des dommages étendus et à long terme aux civils et perturbant gravement les services essentiels dont ils dépendent.
C'est dans ce contexte que des hommes armés non identifiés ont attaqué dimanche dernier au Soudan des camions du Programme alimentaire mondial (PAM) transportant de l'aide alimentaire destinée à des milliers de civils dans le besoin au Darfour central, a rapporté l'agence.
Clementine Nkweta-Salami, haut responsable humanitaire des Nations unies pour le Soudan, a exprimé son « indignation » face à cet incident. « L'aide pillée dans un convoi du PAM au Darfour central n'ira plus aux personnes les plus vulnérables dans le besoin », a-t-elle déclaré dans un message sur X, anciennement Twitter.
Dans un autre message, le PAM a appelé les autorités à veiller à ce que les auteurs de ces actes soient tenus pour responsables, soulignant que « la sécurité de l'acheminement des fournitures doit être garantie par tous ».