Finies les querelles matinales avec le receveur et la quête des petites coupures pour payer les frais des taxis-be !
Les usagers des bus, en l'occurrence ceux qui sont habitués de la ligne 147D, desservant Ambatomaro Tanana aux quartiers d'Anosy et des 67ha, l'ont sûrement remarqué ! Les tickets de bus reviennent et se mettent dans l'air du temps. En effet, depuis un certain temps, les voitures de la flotte de cette ligne ont été équipées d'un petit gadget électronique, qui rend un ticket fraîchement imprimé à chaque paiement de frais de transports de chaque voyageur.
En plus de cela, il sera possible pour les usagers de ne plus utiliser d'argent liquide pour payer leur voyage. Un simple toucher de l'appareil, par l'intermédiaire d'une carte électronique suffit à valider son transport. Une innovation du transport en commun de la Capitale.
Connecté
Rien qu'en y pensant, l'on se croirait à l'etranger. En effet, c'est en s'inspirant des transports en commun européens, que ce concept « Bus connecté » est né. Lancé par CPP System, une société spécialisée en informatique, en collaboration avec l'Union des coopératives des transports urbains (UCTU) et la Mairie d'Antananarivo.
Depuis le début d'année et après quatre ans de préparation, le projet est maintenant une réalité sur les taxis-be de la coopérative Tselatra, la première ligne urbaine labellisée « bus connecté », dotée de cet équipement de pointe. « La ligne 147 D a été choisie comme pilote, étant donné que, de prime abord, c'est l'une des lignes dont je suis le premier responsable. Mais aussi, j'aimerais suivre de près ce projet visiblement innovant et encourageant pour nous, transporteurs », lance M. Rakotonirina Jean Louis Emile, président par intérim de l'UCTU et de la coopérative Tselatra.
« Bien sûr, nous sommes encore dans la phase pilote, mais il est probable que cette initiative sera étendue à toutes les lignes de bus urbains ». Notons que chaque véhicule est équipé d'un appareil de paiement avec connexion internet et puce GPS, reliés en permanence à un serveur externe de la société. Cela rend le bus « connecté« , d'où le nom du projet. « Ainsi, les données enregistrées sur le véhicule sont disponibles instantanément et peuvent être utilisées à des fins d'amélioration », apprend-on.
Solution globale
Cette innovation ne se limite pas à la dématérialisation des frais de transport. « Évidemment que ceci est le point le plus important du projet. Mais dans l'ensemble, Bus Connecté apporte une solution globale pour résoudre divers problèmes liés aux transports en commun, surtout dans une grande ville comme Antananarivo » d'après l'explication du directeur des opérations du Cpp System et l'un des initiateurs de ce projet, M. Vahanjakoto Sévérin.
« Dans un bus connecté, tout le monde trouve son compte. Que ce soit pour les usagers, les propriétaires, les chauffeurs et les receveurs, ainsi que la coopérative (...). D'après ce qu'on a appris, l'utilisation de la carte monétique « E-pass » offre une gestion optimale du temps et du portefeuille, pour l'usager. Quant aux propriétaires des taxis-be, ils bénéficieront d'un contrôle total sur la gestion de leur véhicule, incluant la localisation en temps réel et le montant exact de leur chiffre d'affaires à la fin de la journée.
Pour leur préposé, l'objectif est de les intégrer dans un cadre professionnel légitime, en les transformant en salariés reconnus. Pour la coopérative, cela facilitera le respect des règles internes, même pour les membres les plus récalcitrants. Grâce au système embarqué, on peut tracer et suivre en temps réel le trajet du véhicule, mettant fin aux bus qui raccourcissent leur trajet initialement défini par le cahier des charges de la coopérative.
Amateurisme
L'un des problèmes majeurs des transports à Madagascar, notamment dans la Capitale, réside dans leur tendance à l'informel et à l'amateurisme. En effet, la plupart des propriétaires de véhicules de transport en commun sont des citoyens ordinaires investissant une partie de leur argent dans le transport, sans être de véritables professionnels soucieux du service offert aux clients. De même, bon nombre de chauffeurs et receveurs ne sont pas formés pour être du personnel qualifié dans le service public.
Il n'est donc pas rare que de nombreux usagers se plaignent de leurs services et expriment leur mécontentement sur les réseaux sociaux. C'est dans ce contexte que « Bus connecté » intervient. L'on a appris qu'une initiative visant à former ces personnes en véritables professionnels du transport est en cours de finalisation, ainsi qu'une démarche administrative pour garantir aux employés (chauffeurs et receveurs) tous leurs droits en tant que travailleurs légaux.