Pour lutter contre la baisse des ressources halieutiques, la Côte d'Ivoire observe depuis lundi 1er juillet, une période de repos biologique. En mer, cette fermeture dure un mois pour la pêche artisanale et deux mois, pour la pêche semi-industrielle et industrielle. La Côte d'Ivoire fournit à peine 18% de ses besoins, elle reste largement dépendante des importations de poissons. Alors dans la capitale économique, les pêcheurs ont bien conscience de l'intérêt de la fermeture des pêches.
Au quai de pêche de Blockhaus, l'heure est au rangement : certains pêcheurs profitent de ce temps calme pour fabriquer des filets. D'autres, comme Jean, rafistolent leur pirogue. « Avant, on partait, on gagnait assez du poisson. Maintenant, c'est maigre. On a remarqué qu'il y a des espèces qui disparaissent. Surtout les carpes rouges, les carpes blanches qui disparaissent », témoigne-t-il.
La production nationale de poisson a baissé de près de 34% depuis 2016. Pour reconstituer ses stocks, la Côte d'Ivoire observe pour la seconde fois, un arrêt périodique de la pêche. Cette mesure coïncide avec la période des pluies, durant laquelle les pêcheurs ralentissent déjà leurs activités. Comme l'explique Ouria. « On ne pêche pas quand c'est pluvieux. Après la pluie on a les poissons. Après les trois mois, quatre mois, on stocke, on fait les autres pêches. »
Il faut donc trouver d'autres activités pour s'occuper. Ouria ramasse les déchets plastiques, sur les bords de la lagune. Hypolite, la trentaine, retourne travailler dans un garage automobile :« Je suis un mécanicien, voilà donc souvent quand la pêche donne, je stoppe un peu pour venir faire la pêche, mais quand ça ne va pas, je reprends mon boulot ».
Le gouvernement a mis en place un fonds de 100 millions de FCFA pour accompagner les pêcheurs et les mareyeurs affectés par cette interdiction saisonnière.
Un empoissonnement pour contrer la baisse des ressources
Cette année, la fermeture des pêches a été étendue à des plans d'eau douce, notamment les lagunes d'Aby et de Grand-Lahou, au sud du pays, les lacs de Kossou et de Buoyo. Durant cette période, des experts vont procéder à l'empoissonnement de ces eaux, comme l'explique le Colonel Alain Kodjo, conseiller technique en charge des pêches, au ministère des Ressources Halieutiques.
« Nous avons choisi ces plans d'eau parce que l'ensemble de ces plans d'eau font l'enjeu d'une surexploitation. Et le potentiel de production des eaux continentales d'après les chercheurs, s'élève autour de 90 000 tonnes. Mais aujourd'hui, les débarquements sont en deçà de 30 000 tonnes. Donc, c'est une nécessité pour nous d'intervenir pour inverser les tendances. L'empoissonnement concerne les eaux intérieures. Il s'agit de lacs qui ont été impactés un moment à cause des problèmes de pollution. Donc, un repeuplement s'impose et donc ce repeuplement va cibler une espèce qui a une création très rapide, qui est le tilapia. Et puis accessoirement disons le mâchoiron, qui est beaucoup prisé par les populations. Parce qu'une fois qu'il y a un empoisonnement, il faut prendre des mesures conservatoires pour arrêter la pêche, pour que les poissons empoisonnés s'habituent à leur milieu et commencent également à se reproduire. »