Dans un arrêté en date du 21 juin 2024, le Haut-commissaire de la province du Kadiogo, Maurice Konaté, déclarait une infection de rage dans la commune de Ouagadougou. Pour comprendre la teneur de l'arrêté et la situation qui prévaut dans le secteur 9 de la capitale, où la maladie sévit, Sidwaya s'est entretenue avec le premier responsable de la province dans la matinée du 2 juillet 2024.
Sidwaya (S) : Dans un arrêté en date du 21 juin 2024, le haut-commissaire de la province du Kadiogo annonçait l'infection de rage dans la commune de Ouagadougou. Qu'en est-il exactement ?
Maurice Konaté (M.K.) : Nous avons été informés par la direction provinciale de l'agriculture, des ressources animales et halieutiques du Kadiogo qu'un cas suspect de rage canine a été signalé dans la commune de Ouagadougou durant le mois de juin 2024. En effet, le mardi 11 juin 2024, les services vétérinaires ont été contactés à propos d'une morsure d'un cheval par un chien suspect de rage.
L'intervention de la direction régionale de l'agriculture, des ressources animales et halieutiques du Centre a permis de collecter un prélèvement du chien abattu par la communauté. Les analyses de laboratoire ont confirmé l'infection du chien mordeur par la rage.
Compte tenu du caractère de la rage qui est une maladie qui affecte également les hommes et cause des pertes en vie humaine et conforment à la loi sur la police zoo-sanitaire au Burkina Faso, nous avons pris de concert avec les services vétérinaires, un arrêté portant déclaration d'infection de rage dans la commune de Ouagadougou.
S : Selon les termes de cet arrêté, le quartier Ouidi du secteur 9 dans l'arrondissement 2 est déclaré zone de séquestration. Est-ce spécifiquement cette partie de la ville qui est concernée par cette mesure ?
M.K. : Oui. C'est uniquement le quartier de Ouidi, le secteur 9 dans l'arrondissement 2 qui est concerné par cette mesure.
S : Quelle est la situation pour les autres secteurs et arrondissements de Ouagadougou ?
M.K. : Les autres secteurs sont supposés indemnes. Nous n'avons pas eu de cas de confirmation de rage rapporté par les services vétérinaires.
S : Les résultats des examens virologiques reçus, le 13 juin 2024 de la direction du laboratoire nationale de l'élevage du Burkina, se sont révélés positifs. Que disent concrètement ces résultats et sur combien d'échantillons le test a porté pour déclarer cette partie de la ville infectée de rage ?
M.K. : Ces résultats révèlent que le chien errant a été testé positif à la rage. Le test a porté sur un seul échantillon issu de la tête du chien.
S : Quelles sont les mesures envisagées pour éviter la propagation de l'infection dans la ville ?
M.K. : Il fallait donner l'information aux populations par des communiqués à la radio et sur les réseaux sociaux. Des mesures ont été prises à savoir : tous les chiens, chats et singes sont séquestrés pendant 2 mois, la circulation des chiens chats et singes excepté ceux tenus en laisse est interdite durant la période du 15 juin au 15 juillet 2024. Les chiens, chats et singes errants sont abattus sans délai. Les chiens munis d'un collier portant une marque distinctive sont capturés et mis en fourrière si possible.
La durée de la mise en fourrière est de quarante-huit (48) heures à partir de la date de publication. Le cheval mordu par le chien enragé est abattu et son cadavre détruit puis enfoui. Les animaux mordus par le chien enragé sont abattus sauf les chiens, chats et singes à jour de leur vaccination. Les animaux mordus et qui sont à jour de leur vaccination sont revaccinés dans les sept jours suivant la morsure.
Signalons qu'il y a eu une mission conjointe qui était sur le terrain pour mener une investigation, elle avait pour mission de déterminer tous les cas contacts pour la recherche active de cas de morsures non déclarés chez les personnes, collecter toutes les informations relatives au chien mordeur (lieu de provenance, statut vaccinal, conditions d'élevage, etc.)
, rechercher les animaux contacts pour l'identification d'éventuels, cas de morsures chez ces derniers, rechercher des cas de morsures de personnes par des chiens à travers les entretiens dans les centres médicaux, mettre en œuvre les mesures de police zoo-sanitaires requises,
collecter les informations concernant des animaux ayant manifestés des signes évocateurs de la rage ou morts les jours ou semaines précédant l'exposition, sensibiliser les communautés aux moyens de prévention de la rage animale et humaine, prévoir une mini-campagne de vaccination des carnivores domestiques dans un périmètre autour du foyer, améliorer la coordination entre les différents services techniques en charge de la santé animale et de la santé humaine de la localité.
S : Envisagez-vous une campagne de masse de vaccination contre la rage ?
M.K. : Cela est prévu autour du foyer. Nous attendons les recommandations de la mission conjointe d'investigation.
S : L'infection de rage dans la commune de Ouagadougou remet au gout du jour le débat sur la divagation des animaux. Qu'est-ce que vous comptez faire pour mettre définitivement fin à ce phénomène aux multiples conséquences ?
M.K. : La campagne de lutte contre la divagation des animaux est effective et permanente. A titre illustratif pour l'année 2023, c'est plus de 4 756 animaux toutes espèces confondues qui ont été mis en fourrière. Pour ce qui est de l'année 2024, nous sommes à 781 animaux mis en fourrière à la date du 30 juin. J'interpelle aussi les populations à prendre soin des animaux qu'elles-mêmes ont choisi délibérément d'élever. Je demande à cette même population d'éliminer les poubelles anarchiques qui attirent les chiens.
S : Les populations de Ouagadougou sont inquiètes. Quel est votre message à leur endroit ?
M.K. : Nous rassurons la population que la situation a été rapidement maitrisée par les mesures prises. Il y a une investigation conjointe qui a été faite dans l'esprit One health. La surveillance épidémiologique a été renforcée.