Washington, D.C: Le conseil d'administration du Fonds monétaire international (FMI) a achevé aujourd'hui les sixièmes revues des accords au titre de la facilité élargie de crédit (FEC) et du mécanisme élargi de crédit (MEDC) en faveur du Cameroun. L'achèvement des revues des accords au titre de la FEC et du MEDC ouvre la voie à un décaissement immédiat de 55,2 millions de DTS (environ 72,7 millions de dollars), ce qui porte le total des décaissements au titre des accords à 483 millions de DTS (644,6 millions de dollars). Le conseil d'administration a aussi achevé la première revue de l'accord au titre de la facilité pour la résilience et la durabilité (FRD). L'achèvement de cette revue met 34,5 millions de DTS (45,4 millions de dollars) à la disposition du Cameroun.
Le Conseil d'administration a approuvé la dérogation au non-respect de deux critères de réalisation concernant le plancher du solde budgétaire primaire non pétrolier à fin décembre 2023 et le plafond zéro continu pour l'accumulation de nouveaux arriérés de paiements extérieurs au motif que le non-respect était mineur et temporaire. Par ailleurs, le Conseil d'administration a approuvé une dérogation à l'applicabilité de quatre critères de réalisation à fin juin 2024, pour lesquels les données ne sont pas encore disponibles et dont rien n'indique qu'ils n'ont pas été respectés.
Les accords triennaux au titre de la FEC et du MEDC en faveur du Cameroun ont au départ été approuvés par le conseil d'administration du FMI pour un montant total de 483 millions de DTS (689,5 millions de dollars, soit 175 % de la quote-part) en juillet 2021. Une prolongation de 12 mois de ces accords a été approuvée en décembre 2023 afin de donner plus de temps aux autorités pour mettre en oeuvre les politiques et réformes, et l'accès aux ressources a été augmenté de 110,4 millions de DTS (145,4 millions de dollars, soit 40 % de la quote-part). L'accord de 18 mois au titre de la FRD a été approuvé par le conseil d'administration en janvier 2024 pour un montant de 138 millions de DTS (181,7 millions de dollars, soit 50 % de la quote-part).
Le programme en faveur du Cameroun appuyé par la FEC et le MEDC continue à fournir un point d'ancrage solide pour le programme économique des autorités, notamment les mesures visant à assurer une reprise après la pandémie de COVID-19, à rétablir la viabilité budgétaire et extérieure du pays et à amorcer une croissance inclusive tirée par le secteur privé. La FRD appuie les efforts déployés par le Cameroun pour s'adapter au changement climatique et atténuer ses effets, renforcer la participation croissante des partenaires au développement et autres parties prenantes au développement résilient au changement climatique et aider à mobiliser des financements supplémentaires en faveur de l'action climatique.
Les données préliminaires montrent que la reprise consécutive à la pandémie de COVID-19 au Cameroun s'est poursuivie l'an dernier. La croissance économique globale est estimée à 3,3 %, soit un taux légèrement inférieur aux prévisions en raison de facteurs externes et internes, dont les perturbations des chaînes d'approvisionnement et des approvisionnements énergétiques et une diminution de la production de pétrole. La croissance devrait se redresser pour s'établir à 3,9 % en 2024 et rester supérieure à 4 % à moyen terme, dans le contexte du raffermissement de la demande intérieure et de la stabilisation de l'environnement extérieur. L'inflation s'est modérée pour retomber à 5,9 % à la fin de 2023. Elle devrait continuer à reculer pour atteindre 5,5 % d'ici à la fin de 2024.
À l'issue de la réunion du conseil d'administration, M. Kenji Okamura, directeur général adjoint du FMI et président du conseil d'administration par intérim a fait la déclaration suivante.
« La croissance de l'économie camerounaise se poursuit malgré un environnement intérieur et extérieur difficile. En outre, même si les risques de dégradation continuent à prédominer, les perspectives à moyen terme du pays sont favorables. Bien que les résultats dans le cadre du programme soutenu par le FMI aient été mitigés, les accords au titre de la FEC et du MEDC appuient les efforts déployés par les autorités pour préserver la stabilité macroéconomique et mettre en oeuvre des réformes prioritaires afin de favoriser une croissance inclusive. Par ailleurs, les autorités sont engagées à mettre en oeuvre des mesures correctives pour améliorer la performance du programme et pour accélérer les réformes.
« Pour préserver la stabilité macroéconomique, il est important de conserver une trajectoire budgétaire en phase avec les objectifs du programme. Cela suppose d'accroître les recettes non pétrolières intérieures et de renforcer la gestion des finances publiques. Il est indispensable de limiter les dépenses par procédures exceptionnelles pour parvenir à la discipline et à l'intégrité budgétaires.
« Les indicateurs de solidité financière du Cameroun se sont généralement améliorés, même si des facteurs de vulnérabilité subsistent. La volonté des autorités d'accélérer la recapitalisation des banques conformément aux règlements de la COBAC et au dispositif d'adéquation des fonds propres de Bâle est très appréciée.
« Dans l'optique d'améliorer le climat des affaires et de stimuler une croissance inclusive tirée par le secteur privé, il est essentiel de mettre en oeuvre les réformes liées à la gouvernance, de s'attaquer aux risques liés à la corruption et de consolider le dispositif de lutte contre le blanchiment de capitaux et le financement du terrorisme (LBC/FT).
« Les autorités ont accompli des progrès louables dans le cadre de la FRD, ce qui aide le Cameroun à intégrer les questions climatiques dans ses cadres institutionnel et réglementaire et à renforcer sa capacité d'adaptation au changement climatique et d'atténuation de ses effets. Il est capital de préserver la dynamique de réforme pour renforcer davantage le cadre institutionnel régissant les politiques climatiques, renforcer la résistance aux chocs climatiques, et mobiliser de nouveaux investissements de la part des donateurs et du secteur privé. »
Tableau 1. Cameroun : principaux indicateurs économiques et financiers, 2022-28
(en milliards de FCFA, sauf indication contraire)
2022
2023
2024
2025
2026
2027
2028
Est.
FRD
Proj.
FRD
Proj.
Proj.
Proj.
Proj.
Proj.
(variation annuelle en %, sauf indication contraire)
Comptes nationaux et prix
PIB à prix constants
3,6
4,0
3,3
4,3
3,9
4,2
4,3
4,7
4,8
PIB pétrolier à prix constants
-1,0
0,5
-2,1
2,7
-7,8
-3,4
-1,5
3,6
5,6
PIB non pétrolier à prix constants
3,7
4,1
3,4
4,3
4,1
4,4
4,4
4,8
4,8
Déflateur du PIB
5,3
3,1
3,1
3,5
3,8
3,5
3,2
3,0
3,0
PIB nominal (aux prix du marché, en milliards de FCFA)
27223
29704
28996
32063
31267
33746
36338
39209
42343
Pétrolier
1692
957
1164
976
1082
982
923
923
950
Non pétrolier
25531
28747
27832
31088
30184
32764
35416
38286
41394
Prix à la consommation (moyenne)
6,3
7,2
7,4
5,9
5,9
5,5
4,9
3,4
2,5
Prix à la consommation (fin de période)
7,3
6,2
5,9
5,5
5,5
5,2
3,6
2,0
2,0
Monnaie et crédit
Monnaie au sens large (M2)
11,7
9,0
4,4
8,4
9,3
7,6
7,4
7,4
7,4
Avoirs extérieurs nets 1/
7,7
-0,8
-2,6
6,0
10,7
4,2
1,3
1,4
4,4
Avoirs intérieurs nets 1/
4,0
9,8
7,0
2,4
-1,3
3,4
6,1
6,0
3,0
Crédit intérieur au secteur privé
13,6
11,2
13,5
9,5
9,5
7,7
7,4
7,2
7,2
(en pourcentage du PIB, sauf indication contraire)
Épargne et investissement
Épargne nationale brute
14,3
15,6
14,4
16,2
17,5
17,6
18,2
19,1
20,1
Investissement intérieur brut
17,8
18,6
18,4
19,0
19,8
20,2
21,3
22,0
22,3
Investissement public
4,7
4,6
3,9
5,3
5,4
6,0
6,9
7,4
7,7
Investissement privé
13,1
13,9
14,5
13,7
14,4
14,1
14,5
14,6
14,7
Opérations de l'administration centrale
Total des recettes (dons compris)
16,2
16,0
17,0
15,9
16,5
15,6
15,7
15,7
15,8
Recettes pétrolières
3,6
2,9
3,0
2,5
2,6
1,6
1,6
1,6
1,6
Recettes non pétrolières
12,3
12,7
13,5
13,1
13,6
13,8
14,0
14,1
14,2
Recettes non pétrolières (en pourcentage du PIB non pétrolier)
13,1
13,1
14,0
13,5
14,1
14,2
14,3
14,4
14,5
Total des dépenses
17,4
16,6
17,6
16,3
16,9
16,3
16,7
16,7
16,8
Solde budgétaire global (base ordonnancements)
Dons non compris
-1,5
-1,0
-1,1
-0,7
-0,7
-0,8
-1,1
-1,1
-1,1
Dons compris
-1,1
-0,7
-0,7
-0,4
-0,4
-0,6
-1,0
-1,0
-1,0
Solde budgétaire global (base caisse)
Dons non compris
-1,6
-1,6
-1,0
-2,0
-2,5
-1,4
-1,6
-1,4
-1,1
Dons compris
-1,2
-1,3
-0,5
-1,7
-2,1
-1,1
-1,5
-1,3
-1,0
Solde primaire non pétrolier (base ordonnancements)
-3,9
-2,5
-2,6
-1,9
-2,0
-1,3
-1,6
-1,6
-1,6
Solde primaire non pétrolier (base ordonnancements, en % du PIB non pétrolier)
-4,2
-2,6
-2,7
-2,0
-2,0
-1,3
-1,6
-1,6
-1,6
Secteur extérieur
Balance commerciale
-0,7
-1,7
-2,9
-1,5
-1,7
-1,9
-2,5
-2,2
-1,5
Exportations de pétrole
7,9
5,5
5,6
5,1
4,6
4,2
3,4
3,1
3,4
Exportations hors pétrole
7,9
8,4
7,7
8,5
8,9
8,4
8,0
7,9
8,2
Importations
16,6
15,6
16,2
15,1
15,2
14,4
14,0
13,2
13,1
Solde des transactions courantes
Dons officiels non compris
-3,8
-3,3
-4,2
-2,9
-2,6
-2,8
-3,4
-3,1
-2,4
Dons officiels compris
-3,5
-3,0
-4,0
-2,8
-2,3
-2,5
-3,2
-2,9
-2,3
Termes de l'échange
-10,6
-2,2
5,1
1,6
12,2
-4,9
-7,1
-1,4
4,5
Dette publique
Encours de la dette publique
46,3
41,8
44,5
39,0
42,0
39,5
37,6
35,8
34,1
dont : dette extérieure
31,3
28,6
29,1
28,6
29,9
29,0
27,9
26,6
25,7
Sources : autorités camerounaises ; estimations et projections des services du FMI.
1/ En pourcentage de la monnaie au sens large en début de période.