Burkina Faso: Nabil Ammar, ministre tunisien des Affaires étrangères - « La Tunisie est prête à mettre à la disposition du Burkina son expertise dans la guerre contre le terrorisme »

interview

En visite au Burkina Faso, dans le cadre des travaux de la 8e session de la Commission mixte Burkina Faso-Tunisie, le ministre des Affaires étrangères, de la Migration et des Tunisiens à l'étranger, Nabil Ammar, a accordé un entretien au quotidien Sidwaya, dans l'après-midi du lundi 1er juillet 2024, à Ouagadougou. Dans cette interview, le diplomate tunisien revient sur les grands axes de la coopération entre les deux pays et les perspectives pour sa dynamisation.

Sidwaya (S) : Comment se porte la coopération bilatérale entre le Burkina Faso et la Tunisie ?

Nabil Ammar (N.A.) : La coopération entre le Burkina Faso et la Tunisie se porte bien et je dirais même très bien, comme en témoigne ma présence à Ouagadougou à la tête d'une forte délégation, composée de représentants de 15 ministères tunisiens et d'une dizaine d'hommes d'affaires, pour prendre part à la 8e session de la Commission mixte Tuniso-burkinabè et au Forum économique.

S : Quels sont les domaines de coopération entre les deux pays ?

N.A. : Aujourd'hui, nous étendons notre coopération à plusieurs secteurs tels que la formation militaire, l'enseignement supérieur, le tourisme et l'artisanat, l'industrie, l'agriculture, la protection de la femme, de la famille et de l'enfance, la jeunesse et les sports, la protection civile et la gestion des risques, la propriété industrielle et la promotion des investissements.

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S : Quel bilan peut-on faire des acquis de cette coopération ces dernièresannées ?

N.A. : Nous avons pu renforcer nos relations par l'ouverture d'une ambassade résidente à Ouagadougou, en Novembre 2016, sans oublier la ligne aérienne directe entre Ouagadougou et Tunis. En 2020, on a renforcé notre mission par une section militaire pour des questions de coopération dans le domaine militaire et le partage d'expériences et d'expertises. En terme commerciale, il convient de noter que nos échanges avec le Burkina Faso ont atteint 23 millions de dollars pour l'année 2023.

S : La 8e Commission mixte tuniso-burkinabè s'est tenue, les 1er et 2 juillet 2024 à Ouagadougou, après la 7e qui s'est tenue en 2016. Pourquoi a-t-il fallu 8 ans ?

N.A. : Cela est dû à des considérations d'ordre interne, les deux pays étaient occupés par des échéances politiques et électorales en partie à cause des changements politiques qu'on a connues, en Tunisie autant qu'au Burkina Faso. Cependant, on a toujours maintenu le contact avec le Burkina Faso, à travers les canaux diplomatiques pour assurer le suivi des accords de 2016.

S : Quelles sont les grandes décisions de cette 8e Commission mixte ?

N.A. : L'on peut résumer les grandes décisions par la signature de 8 accords dans les domaines de la formation professionnelle, l'autonomisation de la femme, l'industrie, le tourisme, l'artisanat, le commerce, la jeunesse et le sport. Il convient de souligner aussi la programmation d'un comité de suivi de la 8e session de la Commission mixte en Tunisie, en 2026. Le forum économique tenu en marge de cette Commission mixte est considéré comme un évènement marquant qui a inauguré une nouvelle étape de concertation et de partenariat gagnant-gagnant.

S : Quel bilan faites-vous de ce forum ?

N.A. : Ce forum a connu une forte participation d'hommes d'affaires tunisiens qui ont eu des rencontres fructueuses avec leurs homologues burkinabè. Le bilan ne peut être que positif et c'est aux opérateurs économiques que revient maintenant la tâche de concrétiser les paroles en actions et projets concrets.

S : Vous avez été reçu par plusieurs autorités au plus haut sommet de l'Etat. Faut-il s'attendre à une dynamisation des relations entre nos deux pays ?

N.A. : J'ai eu le privilège d'être reçu par Son Excellence le capitaine Ibrahim Traoré, Président du Faso et de

lui transmettre les salutations chaleureuses, sincères et fraternelles de SEM le Président de la république, Kaïs Saïed. Nous avons discuté des sujets d'intérêt mutuel, notamment l'impératif de booster la coopération bilatérale dans les domaines d'intérêt commun. J'ai souligné les acquis enregistrés dans notre coopération bilatérale avec le Burkina Faso, dans les domaines de l'enseignement supérieur et la formation professionnelle et la formation militaire.

Nous avons également discuté des opportunités futures de coopération bilatérale, affirmant ainsi l'engagement de la Tunisie à travailler ensemble pour le bien-être de nos peuples frères. J'ai été également honoré d'être reçu par le Président de l'Assemblée législative de Transition (ALT), Dr Ousmane Bougouma, à qui j'ai transmis les salutations sincères et fraternelles de son homologue tunisien. Les relations entre la Tunisie et le Burkina Faso ont toujours été exemplaires et empreintes de respect mutuel tout en défendant

les principes d'autonomie et de souveraineté. Et, j'ai souligné que toutes les questions qui intéressent les deux peuples peuvent être traitées directement par les responsables des deux pays sans laisser des parties tierces s'immiscer entre nous.

S : En 2023, plusieurs personnes ont subi des violences dans votre pays. Le Burkina a dû rapatrier 64 personnes. Comment avez-vous géré cette situation ?

N.A. : Je peux vous assurer qu'il n'y a jamais eu de violence à l'encontre de nos frères subsahariens et ces allégations sont véhiculées par des médias étrangers mal intentionnés qui essayent de propager des informations erronées afin de ternir l'image de la Tunisie en tant que pays accueillant et hospitalier.

S : Le Burkina Faso et plusieurs autres pays du Sahel vivent depuis près de 10 ans, une grave crise sécuritaire. Quelle peut être la contribution de votre pays à l'élan de reconquête du territoire engagé par les autorités burkinabè ?

N.A. : La crise sécuritaire ne se limite pas seulement à la zone du Sahel. La Tunisie aussi n'a pas été épargnée par les attentats et les attaques terroristes. C'est pourquoi, la Tunisie est prête à mettre à disposition du Burkina Faso son expertise et son savoir-faire dans la guerre contre le terrorisme à travers la formation militaire et l'échange d'informations d'ordre sécuritaire.

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