Tunisie: En attendant la vérité des urnes

analyse

L'élection présidentielle en Tunisie est prévue pour le dimanche 6 octobre 2024. Ainsi en a décidé le Président tunisien, Kaïs Saïed, qui a émis un décret, le 2 juillet 2024, convoquant à cette date les électeurs pour le scrutin présidentiel.

A travers cette décision, le président dont le mandat arrive à terme, en fin juillet, lève le suspens sur la tenue de l'élection à bonne date. Par la même occasion, il respecte, au grand dam de ses détracteurs, la Constitution qui stipule que la présidentielle doit se tenir au plus tard, le 23 octobre prochain.

Si les prétendants au pouvoir sont certes situés car la course étant ouverte, une question, celle de la candidature de Kaïs Saïed, taraude encore leur esprit. Le président sortant ne s'est pas encore prononcé sur son éventuelle candidature. Son absence au scrutin du 6 octobre prochain pourrait rebattre les cartes en faveur des éventuels candidats. En attendant la liste qui sera validée par les instances habilitées, l'on note au moins 16 candidats potentiels y compris le président sortant sur la ligne de départ.

Arrivé au pouvoir après un deuxième tour, le 13 octobre 2019, avec un score de 72,7% devant Nabil Karoui son challengeur, Kaïs Saïed, 66 ans, est donné favori pour ce scrutin. L'un de ses atouts est sa popularité qui lui a permis de se hisser sur la haute marche du podium en 2019 avec son slogan magique : « Ce que le peuple veut ».

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L'autre avantage est qu'il est fort probable, qu'il soit en face des candidats « poids plume ». En effet, depuis qu'il a repris du poil de la bête, après les soubresauts politiques qui ont secoués son pouvoir, une vingtaine d'opposants et de personnalités sont en exil ou en prison pour complot contre la sûreté de l'Etat. Parmi eux, on peut citer le chef du parti islamo-conservateur Ennahda, Rached Ghannouchi et la présidente du Parti des tunisiens libres, Abir Moussiet de Zine El-Abidine Ben Ali, renversé en janvier 2011.

Aujourd'hui, Kaïs Saïed règne en maitre et dirige son pays par décrets, après avoir, en juillet 2021, limogé le Premier ministre et gelé le Parlement avant de le dissoudre à la suite de plusieurs mois de blocage politique. Une nouvelle Constitution a été adoptée par référendum en 2022 instituant un système constitué de deux chambres aux pouvoirs limités : l'Assemblée des représentants du peuple et un Conseil national des régions et des districts.

Cette révision constitutionnelle a fait passer la Tunisie d'un régime parlementaire à un système présidentialiste. Depuis lors, M. Saïed semble avoir le vent en poupe, mais en politique rien n'est gagné d'avance. En plus de la crise politique qu'il doit gérer avec tact, le président doit aussi affronter les difficultés économiques de son pays marquées par une faible croissance (environ 2 %), un taux de pauvreté en hausse et un chômage de 15 % de la population active. Pourra-t-il réédité son exploit de 2019. Seule la vérité des urnes nous en dira plus.

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