Après cinq ans de sa mise en oeuvre dans six provinces de la RDC, le projet « Voix Leadership de la femme » a appuyé plus de 80 projets et organisations de défense des droits de femmes (ODDF).
Au cours d'une cérémonie organisée récemment à Kinshasa, sur l'évaluation et la clôture dudit projet, le représentant pays du centre Carter en RDC, Romain Rabet, a reconnu que ce projet a été bénéfique dans la mesure où il a produit des résultats différenciés selon chaque projet. « C'est difficile de résumer 5 ans de travail en quelques phrases, je pense que l'essentiel des réalisations est d'abord le soutien à plus de 80 projets et organisations de défense et de promotion des droits des femmes, c'est vraiment la réalisation principale.
Ce soutien a pris plusieurs formes et, surtout, il a produit des résultats assez différenciés puisque chaque projet a été différent, chaque projet a répondu aux besoins de la communauté qui était directement partie prenante du projet. Donc il y a eu des projets dans diverses directions, que ce soit sur l'accès à la justice, que ce soit sur les activités génératrices de revenus, que ce soit sur le changement de normes coutumières », a-t-il déclaré.
Romain Rabet a, par ailleurs, souligné que, dans cinq ans, le projet « Voix Leadership de la femme » a permis aux ONG bénéficiaires d'organiser leur gouvernance interne et la mise en oeuvre des projets. « Je pense qu'au terme de 5 ans, ce que nous retenons principalement, c'est que les organisations avec lesquelles nous avons collaboré ont changé d'échelle. Elles sont beaucoup plus fortes dans leur gouvernance interne. Elles sont beaucoup plus efficaces dans leur mise en oeuvre de projets, dans leur accompagnement des populations.
Elles sont aussi beaucoup plus pertinentes vis-à-vis des populations qu'elles essayent d'aider. Et c'est ce qui nous paraît le plus important, puisque le but ultime du projet était d'aider au développement d'un mouvement de défense des droits des femmes à travers le pays, et donc d'augmenter la capacité des organisations à représenter les intérêts et les voix des femmes. Je pense que là-dessus le projet a été couronné de succès ».
Hommages au chef de l'Etat
Les organisations de défense des droits des femmes et des filles partenaires du Centre Carter, dans le cadre du programme Voix et leadership des femmes (VLF) financé par Affaires mondiales Canada, ont tenu une conférence au village Venus dans la commune de la N'sele. Lors de cette rencontre, les bénéficiaires du programme VLF ont rendu hommage au président de la République, M. Felix Antoine Tshisekedi Tshilombo, pour son rôle de champion de la masculinité positive et les avancées significatives en matière de représentativité des femmes dans les instances de décision, notamment avec la nomination de la Première ministre et l'entrée de 30 % de femmes dans le gouvernement Suminwa, une première dans l'histoire de la RDC.
Les organisations ont salué la collaboration existante entre les ODDF et le gouvernement congolais, ainsi que les autorités politico-administratives et coutumières des six provinces d'intervention du programme : Tshopo, Équateur, Kasaï-Central, Tanganyika, Sud-Kivu et Kinshasa. "Leur appropriation, implication et collaboration ont été très déterminantes dans l'atteinte significative des résultats escomptés dans le cadre du programme," ont-elles souligné.
«Tous les objectifs ne sont pas atteints à la fin d'un programme parce qu'on a rencontré des difficultés mais au moins c'est avancé quand on voit l'état du Congo profond on peut dire que les choses avancent dans ce projet. Les femmes ont été admirables. Elles se sont battues et accompagnés par des hommes et les hommes aussi ont pu bénéficier de ce projet parce que ça change déjà la communauté mais ils étaient au côté des femmes», a déclaré la représentante de la société civile et présidente du comité de pilotage du projet VLF Marie-Madeleine Kalala.
En particulier, les ODDF ont félicité le gouvernement de la province de l'Équateur pour son soutien au projet VLF, notamment par l'octroi de trois parcelles de terre aux femmes des communautés de Bongonde, Bomboko, et marché de l'école, ce qui a favorisé l'installation d'activités génératrices de revenus groupées. Au Kasaï-Central, elles ont évoqué l'appui des chefs coutumiers de Dimbelenge et Kazumba dans le changement de sept normes sociales avilissantes à l'égard des femmes et des jeunes filles.
Malgré ces avancées, les ODDF ont constaté le faible pouvoir économique des femmes et la persistance des conflits armés et intercommunautaires. Elles recommandent ainsi au gouvernement central de poursuivre les efforts de stabilisation de l'Est du pays, où les femmes sont souvent victimes des atrocités des groupes armés, et d'impliquer davantage les femmes dans les efforts de recherche de paix. Au ministre de la Justice, les ODDF ont recommandé de faciliter l'obtention de la personnalité juridique aux organisations féminines en allégeant les conditions mises en place.