Y aller ou non : c'est la question qui se pose actuellement aux partis d'opposition en Tunisie. Ce mardi 2 juillet, le président tunisien Kaïs Saïed a annoncé que le premier tour de l'élection présidentielle aurait lieu le 6 octobre. Arrivé largement au pouvoir en 2019, le chef de l'État est accusé de dérive autoritaire depuis trois ans. Les principales figures d'opposition sont en prison. Les formations politiques pèsent le pour et le contre sur l'intérêt de leur participation.
En Tunisie, pour le Front du salut national, c'est non. La principale coalition d'opposition, qui va des islamistes au centre gauche, refuse de participer à un scrutin faussé, explique son président Ahmed Nejib Chebbi : « Le Front du salut national a estimé que les conditions d'une compétition normale ne sont pas réunis. Le Front ne soutiendra aucune candidature, ni en son sein, ni en dehors, parce que c'est participer à un simulacre électoral. »
À l'autre bout du spectre politique, le Parti destourien libre, où convergent de nombreux nostalgiques du régime de Ben Ali, pourrait être tenté par un coup d'éclat et présenter sa dirigeante Abir Moussi, en prison depuis l'automne dernier. Le parti annoncera sa position ce vendredi.
Pour le politologue Hatem Nafti, c'est une certitude : la campagne électorale ne sera pas impartiale. « Nous avons une instance électorale qui est clairement nommée par le président de la République. Cette dernière n'a pas sanctionné le président de la République alors qu'il a manifestement violé le silence électoral au moment du référendum de 2022. Nous avons aussi des médias qui sont de plus en plus sous pression et sous un climat de terreur. Avec toutes ces conditions, je ne vois pas du tout comment on peut parler d'un scrutin serein, dans lequel il y aurait un véritable débat public », explique-t-il.
L'instance électorale doit détailler ce jeudi le déroulé de la campagne électorale