Madagascar: Documents pour les relations américano-malgaches

En ce 4 juillet 2024, jour de la fête nationale aux États-Unis d'Amérique, les relations entre les United States et Madagascar ont, mine de rien, 157 ans.

Leur embarquement sur un navire français contrarié, la délégation malgache quitta Toamasina, le 19 août 1882, à bord du «Touareg», et débarqua à l'île Maurice le dimanche 21 août. Au cours de leur séjour, ils seront reçus par le Gouverneur de l'île. C'est le 5 septembre 1882 que l'ambassade quitta Maurice à bord du «Dupleix». Leur itinéraire les conduisit à l'île Bourbon (actuelle La Réunion) où ils furent également invités par le Gouverneur de l'île.

En 1882, comme en 2024, nous sommes toujours cette grande île sans flotte ni marine. On découvre le nom d'un vapeur, «Antananarivo», mais il sera arraisonné par l'amiral Le Timbre et placé sous embargo à Toamasina. On apprend également l'existence d'un autre bâtiment, «Imerina», mais il appartient à Samuel Procter, consul de Madagascar à Londres.

Sèchement éconduits à Paris, sans soutien concret à Londres, l'ambassade malgache décida de faire voile sur les États-Unis. Partis de Liverpool, le 19 février 1883, à bord du bâtiment «Spain», ils parviennent à New York, le 3 mars.

Sur l'entremise du Secrétaire d'État Frederick Theodore Frelinghuysen, le précédent traité du 13 mai 1881 (qui, lui-même, mentionne un traité du 14 février 1867) sera solennellement confirmé entre les deux parties, le 12 mars 1883. Deux semaines après, les ambassadeurs malgaches quittent les États-Unis, à bord du navire «Egypt».

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Comme déjà écrit dans la Chronique à propos des 141 ans du premier traité germano-malagasy (Chronique VANF, 31 mai 2024, «La vieille amitié germano-malagasy»), la lecture des documents anciens démontre l'ingénuité du Gouvernement de la Reine Ranavalona II et du Premier Ministre Rainilaiarivony : «À leur décharge, d'abord, la jeunesse de l'État malgache (tout juste 66 ans se sont écoulés depuis le traité entre Radama et Robert Farquhar) sans ossature administrative «moderne» (malgré les Instructions de 1878 et le Code de 1881) ni cadres strictement fonctionnaires (le Premier Ministre affectionnant le centralisme du tout «akarina an-dRova») ; ensuite, la situation géographique périphérique de Madagascar qui l'a toujours tenu éloignée des courants d'idées et de l'actualité internationale ; enfin, le jeu des relations complexes entre les vieilles puissances installées d'Europe».

La correspondance de Ravoninahitriniarivo au Premier Ministre Rainilaiarivony (cf. «Soratra vavolombelona» par Razoharinoro-Andriamboavonjy) campe le contexte de l'époque : la Grande-Bretagne occupée à ne pas contrarier la France après son coup de force en Égypte ; l'Allemagne refusant de s'impliquer dans un conflit qui n'est pas le sien, et soucieuse de ménager sa voisine d'outre-Rhin ; les États-Unis privilégiant sa vieille amitié avec la France...

De cette ambassade itinérante (Paris, Londres, Washington, Berlin), on retiendra le succès d'estime. Les représentants de la Reine Ranavalona II ayant été reçus officiellement par la Reine d'Angleterre (12 décembre 1882), le Président des États-Unis (7 mars 1883) et l'Empereur germanique (13 mai 1883). Mais, pendant que les ambassadeurs Ravoninahitriniarivo et Ramaniraka, ainsi que leurs deux interprètes Moïse Andrianisa (pour la langue anglaise) et Marc Rabibisoa (pour le français), se trouvaient encore à l'extérieur, la guerre avait déjà éclaté sur la côte Est.

Ils quitteront finalement l'Europe, le 7 juillet 1883, et rallieront Vohipeno à la fin du mois d'août 1883. Détour obligé depuis que les ports de Toamasina et Mahajanga se trouvent sous le siège maritime des Français. Cette guerre débouchera sur le traité d'armistice du 17 décembre 1885 : accord provisoire de trop de malentendus. La campagne militaire de 1895 mettra fin à l'existence d'un Royaume de Madagascar reconnu par les principales puissances internationales depuis octobre 1817.

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