Madagascar: Socioculturel - Dérèglement des moeurs à Tanambao-Antsiranana

Des agneaux devenus des boucs donnant des coups de cornes sur leur passage. Des bergers impuissants qui ne maîtrisent plus leurs troupeaux, c'était à peu près ce que les observateurs ont vu lors de la manifestation qui s'est tenue devant l'église de Jésus Christ de Madagascar Tanambao-Antsiranana, dimanche 30 juin dernier.

Des centaines de fidèles se sont rassemblés, non pas pour prier, mais pour empêcher un nouveau pasteur de prendre ses fonctions. Les vuvuzelas et les huées de contestation retentissaient dans le quartier. Un vieil homme se désolait : « Pourquoi sommes-nous arrivés à ce stade ? C'est honteux. J'ignore ce qui va se passer ensuite... Tout va s'arranger, enfin, je l'espère ». Oui, on peut toujours espérer. Mais pour l'instant, les fidèles sont divisés en deux groupes : les partisans de l'ancien pasteur et les soutiens du nouveau ministre du culte.

Les médias locaux ont essayé de recueillir des informations avec différentes méthodes, mais les réponses obtenues étaient insignifiantes ou insatisfaisantes. Cependant, les adeptes de l'ancien pasteur se sont empressés de répondre aux questions des journalistes présents. « Notre bien-aimé pasteur n'a rien fait de mal. Ils l'ont chassé par jalousie. C'est inacceptable ! Nous sommes ici pour lutter contre cette injustice. Je resterai jusqu'à ce que notre pasteur reprenne sa place. Il mérite ce privilège car c'est un homme bon », affirme une femme quinquagénaire.

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La contestation n'a pas laissé indifférents les intellectuels de la ville, notamment les spécialistes en sciences sociales. Isaac Ndriatsirendriky, sociologue de formation, a partagé son point de vue : « Vous savez, un pasteur est en quelque sorte un père spirituel pour ses fidèles. De plus, cette profession exige un talent particulier, l'éloquence. À ma connaissance, ce monsieur a bercé une génération avec ses mots doux. Cela aussi est important. Il a gagné l'affection de ces personnes. Cette relation sera brisée une fois qu'il ne sera plus là. Par conséquent, son successeur devra redoubler d'efforts pour gagner l'écoute des fidèles ! »

En effet, personne ne souhaite être à la place du remplaçant, « car on se souvient du premier, mais rarement du second », disait un poète urbain. Le théologien Orino Tsiarofy explique ainsi les faits : « Tout le monde accorde une estime particulière à un prêtre, puisque inconsciemment, chacun le voit comme le représentant du Seigneur. Il est difficile de rompre ce lien, surtout quand il est réciproque. Dès qu'une personne ose couper cette connexion, elle devient le Judas. Là, ce n'est plus la raison qui parle, mais le cœur ». Selon ces intellectuels, les manifestants craignent de tisser une nouvelle relation avec le nouveau venu.

Par ailleurs, ceux qui ont manifesté parlent de démocratie, en faisant allusion à la foule massivement présente devant le temple. Un terme quelque peu déplacé dans ce contexte. Apparemment, le temporel et le spirituel s'entremêlent... Actuellement, la communauté de l'église de Jésus-Christ de Madagascar à Antsiranana reste morose... Espérons que tout s'arrangera !

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