Dakar — Un bon écosystème réglementaire est nécessaire au développement d'une industrie pharmaceutique, affirme Yérim Mbagnick Diop, responsable de Delivery unit (DU), l'unité de gestion du projet de relance de l'industrie pharmaceutique locale.
"Pour développer l'industrie pharmaceutique, il faut également un environnement réglementaire et un écosystème réglementaire aligné aux standards internationaux", a déclaré M. Diop, pharmacien et professeur de chimie analytique, dans un entretien accordé à l'APS.
Fabriquer des médicaments au Sénégal implique aussi le respect des standards internationaux pour avoir des débouchés, compte tenu de l'étroitesse du marché intérieur qui ne favorise pas la rentabilité d'une industrie pharmaceutique, dit-il.
"Un médicament, si nous le fabriquons au Sénégal pour 18 millions de Sénégalais, ce n'est pas rentable, et il ne va pas être compétitif. Il faut trouver un marché à l'étranger et pour cela, il faut que nos médicaments, nos produits de santé répondent aux qualités et standards internationaux pour qu'on puisse les vendre", a expliqué le professeur Diop.
Pour réussir à vendre les médicaments à l'international, "il faut assurer leur qualité", insiste le pharmacien.
"Pour produire un médicament, il y a beaucoup de choses à avoir au niveau de l'écosystème pharmaceutique, au niveau de l'environnement des affaires", a-t-il ajouté.
"C'est le rôle de l'Agence sénégalaise de réglementation pharmaceutique qui, nous l'espérons, aura sa déclaration officielle du niveau de maturité 3, délivrée par l'Organisation mondiale de la Santé, qui garantit la qualité du médicament au niveau mondial", a-t-il indiqué.
Cette déclaration est en fait "une certification, un quitus qui permet de vendre au niveau international", a-t-il précisé.
Le responsable de Delivery Unit (DU) rappelle que "le Sénégal est un pays pionnier" en la matière, car ayant accueilli, "il y a 70 ans", des industries comme Pfizer, Sipoa, etc. Ces industries ont par la suite "fermé boutique pour partir".
"Il y a eu un diagnostic pour savoir pourquoi ils sont partis. Était-ce lié à l'environnement des affaires par rapport à la compétitivité ?", s'est-il interrogé.
Yérim Mbagnick Diop recommande, entre autres propositions, d"'adresser la question de l'environnement des affaires qui touche à l'accès à l'énergie, aux aspects de recherche-développement, aux ressources humaines, à l'innovation par rapport aux mesures incitatives fiscales, ou non fiscales".
"Le Sénégal se situe dans la région ouest, qui regroupe 15 pays de la Cédéao, et chaque pays a ses ambitions de souveraineté. Il faut que le Sénégal offre le meilleur cadre pour attirer les investisseurs dans ce domaine", a préconisé le responsable de Delivery Unit.
À son avis, "toutes ces questions-là, il faut les adresser pour arriver à cette souveraineté".