Le plan arrêté pour la relance de l'industrie pharmaceutique au Sénégal va nécessiter un budget de 350 milliards de francs CFA, dont 200 sont déjà mobilisés, appris l'APS du responsable de l'unité de gestion du projet de relance de l'industrie pharmaceutique locale, le professeur Professeur Yérim Mbagnick Diop. "Le budget du plan de relance de l'industrie pharmaceutique, c'est quelque 350 milliards de francs CFA pour les projets publics et privés, et les 200 milliards sont déjà mobilisés", a-t-il indiqué dans un entretien avec l'APS.
"Le Sénégal veut aller plus loin et être souverain. Nous allons proposer à l'État, aux décideurs de dire que [...] d'ici décembre 2025, nous n'allons plus [...] importer" une centaine de molécules, mesure qui sera mise en oeuvre de concert avec la Pharmacie nationale d'approvisionnement par exemple", a déclaré le professeur Diop.
"C'est une affirmation engageante, s'ils [les industriels] savent que sur les 100 molécules, ils peuvent produire et avoir un retour d'investissements. C'est la prochaine étape sur laquelle nous sommes en train de travailler avec la PNA qui entre temps a changé de statut. C'est important parce que la Pharmacie nationale a tout le marché public, les hôpitaux, il a un rôle à jouer", a-t-il expliqué.
"On voudrait que sur les besoins de la PNA, on s'affirme. Cela peut permettre à l'existant qui est en train de battre de l'aile, de reprendre un souffle sur les médicaments essentiels", a ajouté le professeur Diop. Le responsable de l'unité de gestion du projet de relance de l'industrie pharmaceutique locale, communément appelé Delivery Unit (DU), a rappelé qu'en janvier 2024 déjà, le ministère de la Santé avait sorti un arrêté, appelé "arrêté de la corrélation", pour réduire les importations de produits pouvant être fabriqués localement, à condition que le fabricant puisse satisfaire la demande locale.
"Quand nos industriels du médicament vont fabriquer [des produits], il va falloir au moins qu'ils aient le marché sénégalais, qu'ils soient compétitifs. C'est difficile d'être compétitif devant un Indien qui a des matières premières", a-t-il relevé en guise d'exemple. Selon cet enseignant-chercheur à la faculté de médecine de l'université Cheikh Anta Diop de Dakar, "des mesures incitatives, notamment fiscales et même [en matière de] foncier" doivent être prises pour aider les industries à s'implanter.
"Dans le projet des Zones économiques spéciales (ZES), il y avait la création d'un parc pharmaceutique. C'est également intéressant pour la relance de l'industrie pharmaceutique", a-t-il rappelé, ajoutant : "Ce qui est constant et important, c'est l'engagement et la volonté politique manifeste de l'État à aller vers la souveraineté pharmaceutique".