Dakar — Le Centre de recherche ouest africain (Warc du sigle anglais) a présenté, mercredi, un recueil de témoignages en souvenir de la journaliste et philosophe Eugénie Rokhaya Aw-Ndiaye, décédée le 3 juillet 2022, dans le but, selon son directeur, Professeur Ousmane Sène, de rendre hommage à "une collaboratrice compétente, fiable et éminemment responsable à tous points de vue".
"Les jeunes Africains (es) se voient privés d'une conscience professionnelle et morale séminale ainsi que d'un mentor dont la sagesse leur balisait toujours le futur", a-t-il dit, devant ses anciens camarades, amis et son époux, Professeur Aloyse Raymond Ndiaye.
Eugénie Rokhaya Aw-Ndiaye était la coordonnatrice du programme Civic leadership, une composante du programme Yali (Youth african leadership initiative).
En tant que chargée de la formation "Engagement et responsabilité civique", elle a été "la cheville ouvrière et la coordinatrice dans la formation" des jeunes leaders", a rappelé Pr Ousmane Sène.
Le travail "extraordinaire plein d'humanité" dont elle a fait preuve, fait de "Maman Aw" "une dame remarquable a tous points de vue", a-t-il ajouté. Selon lui, elle savait "se donner sans rien attendre en retour et servir son pays dans la discrétion".
"S'il existait un panthéon des Sénégalais méritants, Eugenie Aw en ferait partie, dit-il.
Ce recueil de 68 pages, publié sous la direction de Mamadou Mignane Diouf et avec le soutien du groupe de presse "Avenir communication", regroupe des témoignages de l'Eglise, de sa famille et de ses amis mais surtout de ses confrères journalistes, du Centre d'études des sciences et techniques de l'information (CESTI) dont elle a été la directrice, du Tribunal des pairs qu'elle a présidé, etc.
Il y a aussi pour "la militante de gauche", les témoignages de ses anciens camarades de parti : Marie Angélique Sagna Savané, Mamadou Diop Decroix et Pape Touty Sow.
Mme Savané a salué "la femme engagée" qu'elle a connue dans les années 1960 au sein du mouvement catholique.
D'après elle, Eugénie Rokhaya Aw a été de tous les combats, notamment le mouvement des pays du sud pour le Nouvel ordre mondial de l'information et de la communication (NOMIC), la lutte pour les droits des femmes, entre autres.
Retraçant tout le parcours de cette combattante pour la démocratie au Sénégal, Mamadou Diop Decroix souligne qu'elle faisait partie des rédacteurs et distributeurs du journal clandestin "Xare bi" (La lutte), dans les années 1970. Cela lui a valu d'être emprisonnée une première fois sous le règne du président Léopold Sédar Senghor, puis sous le régime du président Abdou Diouf, a-t-il rappelé.
"Le monde de la presse et les défenseurs de la liberté d'expression en général lui doivent une fière chandelle", a dit Mamadou Diop Decroix.
Décédée le 3 juillet 2022, à l'âge de 70 ans, Eugénie Rokhaya Aw-Ndiaye a été élevée à titre posthume au rang de Commandeur dans l'Ordre national du Lion. Militante d'And-Jëf, elle a travaillé dans plusieurs médias dont le quotidien national Le Soleil.