L'alimentation des Sénégalais est caractérisée par une forte dépendance de l'extérieur. C'est du moins l'avis du Professeur Amadou Tidiane Guiro, qui animait une conférence sur le thème de la Souveraineté alimentaire avant-hier, mardi 2 juillet 2024, en marge de la célébration de la Journée de la Renaissance de l'Afrique. Selon lui, cette dépendance se traduit par une facture lourde des importations.
«Notre alimentation est caractérisée par une forte dépendance de l'extérieur qui se traduit par une facture lourde des importations. Nous avons hérité d'un label alimentaire colonial et nous l'avons maintenu». Ces propos sont du Pr Amadou Tidiane Guiro. Il animait avant-hier, mardi 2 juillet 2024, une conférence portant sur le thème : «La souveraineté alimentaire, droite ou objective politique ?», organisée par l'Académie nationale des sciences et techniques du Sénégal, dans le cadre de la célébration de la Journée de la Renaissance de l'Afrique.
«Chacun d'entre nous consomme au minimum 80 kg de riz par an dont la moitié est importée. On importe aussi beaucoup d'huile. Quand on va au supermarché, sur les rayons, on voit toutes les huiles du monde. Alors qu'on ne voit pas l'huile d'arachide ou bien ça coûte excessivement cher. Ces huiles qu'on nous importe, la plupart c'est de l'huile de palme qui a été désodorisé et décoloré et deviennent des acides gras trans qui favorisent l'apparition de maladie cardiovasculaire. Ce sont ces huiles que nous consommons au détriment de l'huile d'arachide», regrette-t-il.
Toujours pour montrer notre dépendance de l'extérieur, il informe qu'au Sénégal, on produit chaque matin 7,5 millions de baguettes de pain ; alors qu'on ne produit pas 1 gramme de blé. Selon lui, si on ne règle pas ces problèmes, le pays ne peut pas être souverain en alimentation. Il a également signalé que le coût de ces importations, en particulier les céréales, peut être l'équivalent de ce que nous pouvons tirer du pétrole.
Par ailleurs, il est revenu sur la situation de l'insécurité alimentaire au Sénégal, en indiquant que 17% des Sénégalais étaient en situation d'insécurité alimentaire modérée ou grave en 2021. Suivant toujours le Pr Guiro, les résultats des enquêtes qui sont faites montrent qu'il y a environ 10% des enfants qui ont une malnutrition aigüe. «Au cours des années des efforts ont été faits mais ne sont pas suffisants. Lorsque cette malnutrition perdure dans le temps on dit qu'elle est chronique et l'enfant a un retard de croissance. Et 17% des enfants ont une malnutrition chronique. A côté de cette malnutrition, il y a également les carences en fer qui peuvent conduire à une anémie et à d'autres pathologies. La moitié des femmes et des enfants ont une carence en fer, parce que leur alimentation ne leur fournit pas suffisamment de fer», a-t-il fait savoir.
Pour lui, dans ces conditions, on ne peut pas véritablement s'attendre à ce que les gens soient performants à l'école ou au travail. A côté, il relève que les facteurs de risque de maladies non transmissibles telles que l'hypertension artérielle, les diabètes, l'hyper cholestérol, qui sont liées à l'alimentation, se développent également.