Afrique Centrale: Bassin du Congo - Les efforts de conservation attirent à peine 4% des financements disponibles

Deuxième poumon écologique de la planète, le bassin du Congo ne mobilise pas suffisamment de financements, seulement 24 milliards FCFA sous forme d'aide publique au développement (67%) et des prêts (25%). Les experts attribuent cette sous-estimation des efforts de conservation de la sous-région à la faible capacité des États à réaliser des études pertinentes et à se mettre ensemble lors des négociations.

Si les programmes de conservation des écosystèmes forestiers du bassin du Congo ont du mal à attirer les financements, d'après une étude menée par des experts du Fonds mondial pour la nature (WWF) en 2017 et 2021, les deux autres bassins, l'Amazonie et le Bornéo Mékong d'Asie, se frottent les mains. L'Amazonie, située en Amérique du Sud, a mobilisé plus d'un milliard de dollars (environ 600 milliards FCFA) autant que Bornéo Mékong (Asie), soit 25 fois la part captée par le bassin du Congo.

La situation du financement des efforts d'afforestation et de conservation des forêts d'Afrique centrale est perçue comme une injustice. Selon le secrétaire exécutif adjoint de la Commission des forêts du bassin du Congo (Comifac), Chouaibou Nchoutpouen, ce bassin qui a un taux de déforestation le plus faible avec 0,01 à 0,33%, a besoin de mobiliser suffisamment de financements pour pouvoir continuer à conserver ses forêts.

En termes d'efforts consentis pour la conservation forestière, la sous-région dispose de 262 aires protégées et de près de 270 millions d'hectares de forêts intactes, donc conservées, sans signe visible de perturbation, sur les 269,7 millions d'hectares. Le bilan carbone net représente environ 610 millions de tonnes de CO2 séquestrées par an.

Le principal défi de la sous-région reste le choix de la stratégie de mobilisation des financements et la réalisation des études pour quantifier les besoins de conservation forestière. "Alors, nous faisons des efforts pour contribuer et conserver ces forêts, ces forêts qui aujourd'hui séquestrent le carbone servent à l'humanité tout entière, pas seulement à la sous-région, mais à l'humanité pour soutenir les efforts de nos pays. Alors, qu'est-ce qu'il faut faire ? ", s'est interrogé le secrétaire exécutif adjoint de la Comifac, Chouaibou Nchoutpouen.

Pour l'un des experts de WWF, Jonas Kemajou, les États membres doivent se mettre ensemble pour adopter la meilleure stratégie de mobilisation de financements. L'objectif du bassin du Congo pour les dix prochaines années, a-t-il estimé, est de parvenir à mobiliser 5 milliards de dollars, soit environ 3000 milliards FCFA, cela sans compter la bonne foi des donateurs.

"Nos États avec leurs maigres budgets ne peuvent pas continuer à financer seuls la conservation des ressources forestières pour le maintien de la planète(...) Avant d'aller à des rencontres internationales, comme la COP, les pays du bassin du Congo doivent tenir des conférences sur le financement, afin de mener les négociations avec les pays du Nord", a suggéré Jonas Kemajou du WWF.

Il faut rappeler que ces intervenants font partie des experts invités dans le cadre de la première Conférence internationale sur l'afforestation et le reboisement, qui se tient depuis le 2 juillet à Kintélé, la banlieue Nord de Brazzaville. Les participants tentent de définir une nouvelle feuille de route en matière d'afforestation, en lien avec la Décennie mondiale et africaine sur le sujet, proposée par le président congolais, Denis Sassou N'Guesso.

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