Au Mali, une soixantaine de corps ont été retrouvés près d'Abeibara, région de Kidal, près de la frontière avec l'Algérie. Selon les sources locales jointes par RFI, il s'agit presque exclusivement de civils, tués par l'armée malienne et ses supplétifs du groupe Wagner - désormais incorporés au « Corps africain » géré par les autorités russes.
Ils ont été retrouvés ces derniers jours, dans un rayon d'environ 40 km autour d'Abeibara dans le nord-est du Mali. À Aghli, Emadjlal, Hidjous, Akomas, Ouzen... Certains regroupés dans des fosses communes, d'autres éparpillés en brousse, isolés, ligotés.
Selon les sources jointes par RFI - association de défense des droits humains, Kal Akal, membres de la rébellion du CSP, notables locaux - l'armée malienne et Wagner ont mené une vaste opération au cours des deux dernières semaines du mois de juin. « Les convois sont venus de Kidal et Tessalit et se sont établis à Imaswaqassan, à quatre kilomètres d'Abeibara », « ils ont nettoyé la zone », détaillent ces sources, qui ont transmis à RFI les mêmes images de corps sans vie.
Civils, bergers, déplacés
Parmi la soixantaine de personnes tuées, un rebelle du CSP et un à six jihadistes du Jnim, selon les versions. « Tous les autres sont des civils, des bergers », assurent encore ces sources. Les victimes sont essentiellement des Touaregs issus de différentes fractions : Ifoghas, Imghads ou Daoussaks, habitants de la zone ou déplacés internes venus par exemple de Talataye et qui avaient fui les violences de l'Etat islamique ou de l'armée.
« Ils n'ont pas été tués dans des combats, ce sont des exécutions », affirment unanimement les différentes sources. Des points d'eau ont été détruits, d'autres empoisonnés, pour tuer le bétail et priver les familles de leur moyen de subsistance. « Ces fosses existent depuis longtemps, il y en a dans beaucoup d'endroits », confirme une source sécuritaire malienne, sans préciser davantage, affirmant également que « seuls les Russes peuvent dire qui il y a dedans ».
L'armée malienne n'a pas communiqué sur ces opérations et, sollicitée par RFI, n'a pas donné suite.