Madagascar: Chirurgie à Coeur Ouvert - De l'espoir pour les enfants et leurs familles

Le premier bloc de chirurgie à coeur ouvert de Madagascar a été inauguré officiellement par le président de la République, hier. Situé au Centre hospitalier Soavinandriana (CENHOSOA), il prendra en charge les enfants atteints de pathologies cardiaques.

Ils s'appellent Marielle, Bryan, Jean Ediele et Finoana. Âgés de 8 à 13 ans, ils viennent de Mandritsara, d'Antananarivo et de Fianarantsoa. Ils sont les premiers bénéficiaires de la chirurgie à coeur ouvert à Madagascar. Une grande première dans l'histoire de la médecine malgache qui s'est déroulée du 21 au 24 mai, à raison d'une intervention par jour.

"Ces premières opérations ont été un franc succès", s'exclame Andry Rajoelina, président de la République, adressant ses félicitations à l'équipe médicale qui les a effectuées. Ces interventions chirurgicales en appelleront beaucoup d'autres. Opérationnel depuis mai, le premier bloc de chirurgie à coeur ouvert dans la Grande île est situé au Centre hospitalier Soavinandriana (CENHOSOA). Il a été inauguré officiellement hier par le chef de l'État, accompagné de son épouse.

Ce bloc opératoire, couplé à une chambre postopératoire qui comprend quatre lits de réanimation, est le fruit de la coopération avec l'Organisation non gouvernementale, la Chaîne de l'espoir. La cérémonie s'est déroulée en présence de Christian Ntsay, Premier ministre, accompagné de quelques membres du gouvernement. Le casting de l'assistance démontre l'importance de l'événement pour l'État. Plus que la portée politique ou médicale de l'événement, c'est sa dimension humaine qui raisonne. Ce premier bloc de chirurgie à coeur ouvert est porteur d'espoir pour des centaines, voire des milliers d'enfants et pour leurs familles. Les orateurs qui se sont succédé à la tribune de la cérémonie d'hier l'ont souligné.

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Sauver des vies

"Au-delà d'une prouesse médicale, d'une prouesse chirurgicale très complexe, c'est un événement porteur d'un immense espoir pour le pays, pour Madagascar, pour l'ensemble du système de santé et des milliers d'autres patients en attente de ces soins", déclare le docteur Éric Cheysson, président de l'association la Chaîne de l'espoir. Une ONG qui porte bien son nom. Il a également fait part de ses émotions en scandant, "vingt ans que nous espérons ce jour".

Cet espoir, le président de la République l'a aussi souligné dans son allocution. "L'espoir se lit aujourd'hui sur le visage des parents et des familles. Ils voient enfin le jour où leurs enfants peuvent être soignés et guéris. Cette chaîne de l'espoir nous lie, elle est précieuse, elle sauve des vies et elle garantit les soins", déclame Andry Rajoelina. Sur son compte Instagram, il ajoute, "l'espoir d'un futur dans la joie et la sérénité nous est permis, elle sauve des vies".

Comme l'avance le locataire d'Iavoloha, l'enjeu est littéralement de sauver des vies. Le bloc de chirurgie à coeur ouvert permet d'opérer les enfants atteints de malformation cardiaque congénitale ou acquise. "S'ils ne sont pas opérés, c'est une mort certaine. Une mort épouvantable par asphyxie", explique le docteur Cheysson. Depuis quelques années, des chirurgies à coeur fermé de ces pathologies cardiaques sont effectuées au CENHOSOA.

"Les interventions à coeur fermé, c'est à peu près pour 10% des enfants atteints de pathologies cardiaques", ajoute toutefois le président de la Chaîne de l'espoir. La plupart des formes de pathologie nécessitent toutefois des opérations à coeur ouvert. Conjuguée à d'autres maladies comme la bronchiolite, la gravité de la pathologie est accentuée, ce qui implique des équipements particuliers pour limiter les risques de complication.

Jusqu'à mai, l'évacuation sanitaire était souvent le seul espoir de guérison pour les jeunes malades nécessitant une intervention cardiaque. Cependant, peu de familles ont les moyens nécessaires pour procéder à cette évacuation par elles-mêmes. Malgré les efforts de la Chaîne de l'espoir, la liste d'attente est longue, et certains cas nécessitent des interventions d'urgence. Le protocole de prise en charge de l'ONG ne prévoit pas non plus que le malade soit accompagné. Il est pris en main par une famille d'accueil durant l'ensemble de son séjour à l'étranger.

Un séjour qui compte plusieurs semaines, un crève-coeur pour les parents et l'enfant qui doit affronter cette lourde épreuve sans ses proches, d'autant plus que dans la liste des patients il y a des nourrissons.

Avec l'ouverture du bloc opératoire du CENHOSOA, l'espoir de pouvoir soigner les enfants malades à Madagascar est maintenant une réalité. Le plateau technique pour l'opération et la réanimation est aux normes requises, avec une machine de circulation sanguine extracorporelle. Le docteur Cheysson souligne toutefois un point crucial, celui de la pérennité du projet qui nécessite "l'implication et l'engagement de tous et de concert avec les autorités nationales".

Les enjeux sont multiples, garantir le financement des coûts opératoires des futurs patients, l'approvisionnement en médicaments, en consommables, la maintenance des équipes et la formation des équipes médicales. L'importance d'agrandir le centre a aussi été soulignée. Plusieurs enfants attendent de bénéficier d'une intervention chirurgicale, d'autant plus que malheureusement avec le temps, certains cas deviennent inopérable.

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