Madagascar: Rassemblement national - Quels impacts pour la diaspora ?

Le Rassemblement national est aux portes du pouvoir en France. Arrivé en tête au premier tour des législatives de 2024 avec plus de 33% des voix, la victoire du RN ne relève plus d'une probabilité, ni d'un scénario hypothétique, mais d'une possibilité réelle si le parti venait à obtenir la majorité absolue aux élections du 7 juillet. La question est de savoir quels pourraient être les éventuels impacts de cette victoire sur les Malgaches en particulier, mais plus généralement sur les étrangers.

Faut-il rappeler quelques données : la diaspora malgache en France est évaluée autour de deux cent mille individus. Le flux migratoire des Malgaches qui viennent s'établir en France pour tourisme, travail et études ne cesse d'augmenter bien que les données exactes ne soient pas encore disponibles.

La Revue MCI n°105-106 entend évaluer les répercussions de la possible victoire du RN à travers les pôles suivants : le plus sensible d'abord, la question de la binationalité, le plus grave ensuite, l'éventualité de la suppression du droit du sol, et enfin, le plus restreignant, le renforcement attendu du contrôle migratoire par les autorités françaises.

Le RN a toujours été connu pour sa politique en défaveur de la double nationalité, en particulier pour les ressortissants de pays non européens comme Madagascar. Certes, en 2022, Marine Le Pen a retiré sa proposition d'interdiction de la double nationalité de son programme mais la question est remise sur le tapis durant la campagne législative, notamment pour l'interdiction des binationaux aux emplois considérés comme stratégiques. Pour MCI, la question de réserver certains emplois aux « vrais » Français risque de créer deux catégories de Français : d'une part les « vrais » Français et les personnes de double nationalité d'origine européenne et d'autre part les personnes binationales d'origine « autres ». Incontestablement, les membres de la diaspora qui ont la double nationalité seront impactés par cette décision.

%

En effet, de nombreux malgaches sont en poste de responsabilité dans les Administrations françaises. Cette approche est non seulement condamnable car créant une division artificielle au sein de la société française, mais elle est également injuste car de nombreux Français binationaux ont beaucoup servi la France. Ils pourraient donc devenir des citoyens de seconde zone catégorisés à part, ostracisés, rappelant de fâcheux exemples dans l'histoire de France dans les années 40.

Le deuxième point concerne le droit du sol. La remise en question de celui-ci est grave car le droit du sol est une des valeurs républicaines qui ont façonné la France. La suppression du droit du sol signifie que désormais les enfants nés sur le sol français ne sont plus Français automatiquement. Cette question touche de plein fouet les individus de nationalité malgache qui ont leur résidence en France et qui ont donné naissance à des enfants sur le territoire français.

Enfin, le troisième point, plus contraignant dans la circulation des personnes, part du postulat que la France est considérée comme un pays d'opportunités par bon nombre de Malgaches. Or, le RN a indiqué que l'immigration serait une priorité de sa gouvernance. Ses programmes sont clairs : « réduire drastiquement l'immigration légale et illégale » et « baisser le coût de l'immigration ». La victoire du RN entraînerait des changements radicaux dans la politique d'immigration française, notamment en ce qui concerne l'obtention de visas et les voies légales d'entrée sur le territoire français. Qu'adviendrait-il de la circulation des Malgaches entre les deux pays, ou plus généralement est-ce que le flux migratoire malgache sera drastiquement réduit ?

Revue de réflexion juridique, la Revue MCI ne peut qu'attirer l'attention sur les impacts d'une victoire du RN sur les Malgaches. Enfin, à n'en point douter, une éventuelle victoire du RN constituerait une nouvelle ère marquée par l'« inconnu » dans les relations centenaires qui lient l'Afrique, Madagascar et la France. On aura la réponse dans quelques jours !

AllAfrica publie environ 500 articles par jour provenant de plus de 100 organes de presse et plus de 500 autres institutions et particuliers, représentant une diversité de positions sur tous les sujets. Nous publions aussi bien les informations et opinions de l'opposition que celles du gouvernement et leurs porte-paroles. Les pourvoyeurs d'informations, identifiés sur chaque article, gardent l'entière responsabilité éditoriale de leur production. En effet AllAfrica n'a pas le droit de modifier ou de corriger leurs contenus.

Les articles et documents identifiant AllAfrica comme source sont produits ou commandés par AllAfrica. Pour tous vos commentaires ou questions, contactez-nous ici.