Dakar — Des universitaires, des chercheurs et experts financiers ont entamé, jeudi, à Dakar, une réflexion sur les enjeux d'adaptation des banques centrales aux défis du changement climatique.
Cette rencontre, organisée par l'Institut supérieur de finance (ISF) et le London School of economics and political science (LSE), s'inscrit dans le cadre d'échanges académiques sur les développements les plus récents en lien avec les enjeux du "développement économique contemporain".
Pendant deux jours, les discussions vont porter sur les liens entre le changement climatique, le système bancaire et financier et les politiques publiques dans des espaces régionaux tels que la CEDEAO.
"Cet atelier constitue une étape cruciale dans notre parcours visant à informer et à outiller les dirigeants des banques centrales africaines face aux défis induits par la transition vers une économie à bas carbone", a déclaré Adama Seck, coordonnateur de la cellule d'études et de planification du ministère des Finances et du Budget.
Il a indiqué que "les effets du changement climatique sur nos pays sont exacerbés" par la dépendance à l'agriculture pluviale et la faible capacité de gestion des risques et des conflits.
"Le Sénégal n'est pas épargné avec la fréquence des sécheresses, l'érosion côtière, la perte de biodiversité et la dégradation des sols, mais surtout la recrudescence des événements extrêmes, notamment la vague de chaleur et les inondations", a souligné M. Seck.
Il a révélé que l'agriculture, l'élevage, la pêche, les infrastructures et le tourisme, qui constituent les secteurs "clés" de l'économie sénégalaise, sont fortement touchés par les impacts du changement climatique.
Le coordonnateur de la cellule d'études et de planification du ministère des Finances et du Budget a expliqué que "les financements requis pour l'adaptation au climat dépassent largement les ressources propres dont disposent nos pays". "Il urge de développer des mécanismes de mobilisation de ressources nécessaires pour soutenir les stratégies, plans et actions d'atténuation et d'adaptation des effets du changement climatique", a lancé Adama Seck.
Il a indiqué que c'est dans cette perspective que plusieurs initiatives ont été développées par l'État du Sénégal, conformément à l'accord de Paris sur le climat ainsi qu'aux objectifs de développement durable.
"Afin de prendre en compte les risques et opportunités liés au changement climatique dans la conduite de ces missions, la BCAO a mis en place, en septembre 2023, un comité de politique climat, dont le rôle principal est de coordonner la mise en œuvre des actions découlant de la politique climat de la banque", a signalé François Etienne Déthié Sène, directeur national pour le Sénégal de la BCEAO.
Il a indiqué que l'intérêt de ce workhshop international réside dans le fait de pouvoir bénéficier des orientations et des travaux de recherche initiés par les instituts organisateurs. "En effet, les impacts négatifs du changement climatique affectent également les barrières macroéconomiques au cœur des fonctions de réaction des banques centrales, notamment la croissance, l'inflation et l'emploi", a dit M. Sène.
Selon le directeur de London School of economics and political science LSE, beaucoup de personnes se posent la question du lien entre les banques centrales et le changement climatique. "La communauté scientifique a joué un grand rôle pour faire comprendre aux banques centrales qu'elles n'évoluent pas dans un vase clos et que tout ce qui se passe en matière de changement climatique aura aussi un impact pour leur mission", a souligné Pierre Monnin.
"Les enjeux et les défis liés aux changements climatiques sont considérables et ils interfèrent avec chacun d'entre nous", estime pour sa part Papa Diallo, directeur général de l'ISF. Il a ajouté que "l'un de nos objectifs à travers l'organisation de cette présente manifestation est de contribuer à une vaste réflexion académique autour des enjeux et des orientations qui pourraient engendrer le changement climatique".