Afrique: L'Initiative atlantique, une réponse aux aspirations des peuples d'Afrique et un exemple de coopération Sud-Sud, selon des panélistes

De l'envoyé spécial de l'APS, Ousmane Ibrahima Dia

Dakhla, 5 juil (APS) - Une réponse aux aspirations des peuples d'Afrique et, en même temps, la matérialisation d'un projet de coopération Sud-Sud : l'Initiative atlantique du roi Mohammed VI visant à développer la façade atlantique en y associant les pays du Sahel a fait l'objet d'un débat, lors de la septième édition du Morocco Forum Today, vendredi 5 juillet, à Dakhla, dans le sud du Maroc.

Le forum a réuni des décideurs politiques, des diplomates et des chefs d'entreprise venus du continent et d'ailleurs. Il est organisé par le groupe de presse marocain Le Matin, l'Agence marocaine de coopération internationale et la région Dakhla-Oued Eddahab, sous le patronage de Sa Majesté le roi Mohammed VI.

La rencontre s'est tenue au palais des congrès de Dakhla. Le Burkina Faso, le Mali, le Niger et le Tchad étaient fortement représentés.

Lors d'une réunion ministérielle de coordination, en décembre 2023, à Marrakech, les ministres des Affaires étrangères de ces quatre pays avaient officiellement annoncé l'adhésion des mêmes États à cette initiative royale.

"L'Atlantique compte parmi les carrefours géopolitiques les plus structurants de l'ordre mondial. Un quart des nations ont une façade atlantique, 23 d'entre elles sont africaines [...] La vision de Sa Majesté le roi érige dans cet espace pivot une nouvelle communauté d'intérêts et de destins en faisant de l'Atlantique l'épicentre d'un équilibre mondial au diapason des aspirations et des besoins africains", a souligné Youssef Amarani, l'ambassadeur du royaume du Maroc aux États-Unis d'Amérique.

Le diplomate marocain a participé au panel consacré à "l'Initiative atlantique : une réponse aux aspirations des peuples d'Afrique". Pour le Maroc, "l'Atlantique est une vision, une composante particulière de notre identité et un espace d'opportunités", a-t-il expliqué.

Des "mégaprojets" qui créent de la richesse

Selon Youssef Amarani, la "vision atlantique" du Maroc repose sur quatre piliers : la connectivité, la coopération, l'intégration économique et la prospérité citoyenne.

Il a cité, parmi les projets à mettre en oeuvre pour matérialiser cette vision, le gazoduc reliant le Nigeria au Maroc et le port de Dakhla, des "mégaprojets" qui créent de la richesse et renforcent la confiance des citoyens envers leurs institutions.

Les pays du Sahel, dont le Burkina Faso, le Mali, le Niger et le Tchad, ont une population extrêmement jeune et sont confrontés aux problèmes sécuritaires et climatiques, a signalé l'ancien Premier ministre malien Moussa Mara.

Selon lui, ces pays ont des besoins en termes d'infrastructures et d'énergie, que l'Initiative atlantique peut aider à satisfaire.

L'initiative royale a été également présentée comme la "matérialisation" d'une démarche de "coopération Sud-Sud". Elle "est comme une bouée de sauvetage", a souligné l'ambassadeur du Tchad au Maroc en parlant des États n'ayant pas accès à la mer.

Cette initiative "vient à point nommé", a souligné Hassan Adoum-Bakhit Haggar, lors d'un panel sur "l'Initiative atlantique : la matérialisation d'une coopération Sud-Sud renouvelée".

Selon l'ambassadeur du Burkina Faso au Maroc, Mamadou Coulibaly, l'initiative du roi est une "manifestation de la solidarité" qui doit exister entre les pays du Sud, lesquels ont été marginalisés par la mondialisation.

L'Initiative atlantique peut être un cadre de solidarité, de partage de solutions et de connaissances entre des pays qui font face aux mêmes défis, a dit M. Coulibaly.

Dakhla est une "terre de rencontres"

Le roi du Maroc a placé l'être humain au coeur de son projet de développement, a ajouté le représentant de l'État burkinabè au Maroc.

Hassir Mabignath Sall, le directeur général de l'Agence de promotion des investissements du Gabon, a présenté le Maroc comme "le meilleur élève des pays francophones en matière de coopération Sud-Sud". Il fait allusion aux investissements du royaume dans les pays d'Afrique subsaharienne.

L'initiative royale est une réponse économique qui peut avoir des répercussions sociales en réduisant considérablement la présence des mouvements djihadistes sur le continent.

M. Sall a également rappelé la promotion d'un islam de tolérance par le royaume.

Près de 500 personnes ont pris part au Morocco Forum Today. "Vision d'un roi : l'Afrique atlantique pour une région continentale intégrée, inclusive et prospère" était le thème principal de l'évènement.

Le but de cette rencontre était de "mobiliser toutes les parties prenantes", d"'identifier les prérequis pour la réussite de l'Initiative atlantique et les modalités de sa mise en oeuvre".

"L'Initiative atlantique : une réponse aux aspirations des peuples d'Afrique" était le thème de l'un des panels. "Quelle feuille de route pour la mise en oeuvre de l'Initiative, pour les pays de la façade atlantique et ceux du Sahel ?" était le thème d'un autre panel. Un autre encore portait sur "l'Initiative atlantique : une matérialisation d'une coopération Sud-Sud renouvelée".

Dakhla est une "terre de rencontres", un futur carrefour entre l'Afrique subsaharienne, le Sahel et la Méditerranée, a dit Mohammed Haitami, le président-directeur général du groupe Le Matin.

Dans son discours d'ouverture du forum, il a évoqué les défis de l'Afrique en matière d'économie, d'éducation, de santé, d'environnement, de sécurité, etc.

M. Haitami a insisté sur les opportunités qu'offre le continent, grâce à ses nombreuses ressources naturelles.

Selon lui, tout cela alimente la vision du roi, sa profondeur, son originalité, ainsi que son cadre de coopération fondé sur le "gagnant-gagnant" et la mise en oeuvre de projets ayant un impact sur la vie des populations.

"Un haut lieu de communion humaine et un foyer de rayonnement continental"

Le colonel-major Salissou Mahaman Salissou, ministre nigérien des Transports et de l'Équipement, est d'avis que "l'Afrique en général, et le Sahel en particulier, possèdent des potentialités humaines, minières, agricoles, maritimes", qui peuvent lui permettre de "devenir une zone intégrée de développement économique au service des intérêts de nos populations".

"Nous devons relever plusieurs défis portant sur la sécurité, les infrastructures, la logistique, les changements climatiques, le séparatisme, le terrorisme, etc. Pour cela, nous devons nous mobiliser tous ensemble, travailler et trouver des solutions innovantes et audacieuses, basées sur nos réalités et nos priorités", a-t-il proposé.

Ont pris part aux travaux le wali de la région Dakhla-Oued Eddahab, Ali Khalil, le président du conseil de la région Dakhla-Oued Eddahab, Yanja El Khattat, ainsi que le fondateur et directeur exécutif de l'African Futures Institute, Alioune Sall.

Leila Benali, la ministre marocaine de la Transition énergétique et du Développement durable, Haoua Adelkérim Ahmadaye, la secrétaire d'État chargée des Infrastructures du Tchad, Rama Yade, senior director de l'Atlantic Council et ancienne secrétaire d'État française, et d'autres personnalités ont participé à l'évènement.

L'initiative lancée par Mohammed VI en 2023 va favoriser le développement des pays de la façade atlantique de l'Afrique et offrir aux pays du Sahel un accès à la mer, selon les autorités marocaines.

Le souverain chérifien exprimait, l'année dernière, le souhait que "la façade atlantique du royaume devienne un haut lieu de communion humaine, un pôle d'intégration économique et un foyer de rayonnement continental et international".

Le Morocco Today Forum, qui se veut un espace de réflexion et de proposition sur des thématiques inspirées de la vision du dirigeant marocain, a déjà abordé plusieurs thématiques, dont l'État social, la régionalisation avancée ou la place de la femme dans le développement du Maroc.

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