Ile Maurice: L'opposition fait la liste des contrats et des terres dont a bénéficié Vinash Gopee

Le speaker, Sooroojdev Phokeer, a rejeté à 13 h 10 hier la Private Notice Question (PNQ) qui avait été adressée à la clerk de l'Assemblée nationale depuis 8 h 45. C'est ce qu'on a appris lors de la conférence de presse de l'opposition d'hier. Arvin Boolell est bien allé voir le speaker pour discuter des possibles amendements à la question, comme cela se fait normalement. Or, selon le leader de l'opposition, lorsqu'il s'est pointé au bureau du Sooroojdev Phokeer, en compagnie de Patrick Assirvaden, whip de l'opposition, le speaker aurait lancé à l'adresse de ce dernier : «Ki ou vinn fer la?» À la suite de cela, Arvin Boolell et Patrick Assirvaden ont quitté le bureau du speaker.

Il n'a pas lancé ces mots à Assirvaden, mais à un certain moment, a expliqué le speaker en début de séance, lors d'un de ces fameux announcements dont il est friand, les deux membres de l'opposition ont abandonné la discussion sans aucune raison. Sooroojdev Phokeer a expliqué que la PNQ a été rejetée en vertu des standing orders 21 (1) et 21 (2), car comportant plusieurs sujets et concernant plusieurs ministres. Pour Arvin Boolell, la question ne concernait qu'un seul sujet : Vinash Gopee.

Pour rappel, Arvin Boolell voulait que Pravind Jugnauth donne des détails, collectés auprès de tous les ministères, organismes paraétatiques et sociétés contrôlées par le gouvernement de 2015 à ce jour, sur toutes les parcelles de terre vendues ou louées à un certain V. G. (Vinash Gopee). Le leader de l'opposition souhaitait également demander des informations sur tous les loyers payés à V. G. ou à ses sociétés liées, sur toutes ses nominations et les honoraires correspondants, aussi bien que sur tous les contrats supérieurs à Rs 80 millions attribués à lui ou à ses sociétés liées.

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Lors de la conférence de presse, le leader de l'opposition a expliqué qu'Avinash Gopee, dit Vinash, a loué cinq étages du bâtiment 7 Exchange Square, à Ébène, à l'Economic Development Board (EDB) pour dix ans et à Rs 4,1 M par mois. «Et le contrat entre l'EDB et Gopee a été signé bien avant la construction du bâtiment.» Pour Rajesh Bhagwan, avec un tel contrat en main, Gopee a pu obtenir un prêt de la State Bank of Mauritius (SBM).

Vente à la SBM en... VEFA

Concernant les quatre ou cinq étages du même bâtiment loués à la Financial Services Commission (FSC), Arvin Boolell a rappelé que grâce à la question d'Ehsan Juman, on a su que la FSC paie déjà la location de Rs 4,6 M mensuellement à Vinash Gopee depuis janvier sans occuper le bâtiment. Pour la SBM, c'est encore plus intéressant. Vinash Gopee a vendu quatre étages à Rs 600 M à la SBM avant même la construction, en vente en l'état futur d'achèvement (VEFA). «Cela, alors que la SBM a déjà un terrain d'un arpent à Ébène. Pourquoi la SBM ne construit-elle pas un building là-bas au lieu d'acheter quatre étages de Gopee ?» Selon ses calculs, Vinash Gopee récoltera plus de Rs 1 milliard après dix ans.

Arvin Boolell a aussi parlé des autres terrains de Vinash Gopee comme celui qui a été repris à Ébène du Centre culturel tamoul, de l'hôtel-club-clinique Royal Green qui a eu l'aval de la Tourism Authority dirigée par le même Vinash Gopee, des 60 bungalows du projet Asmara Beachfront Residences dans l'ouest (vendus à Rs 150 M l'unité précisera Patrick Assirvaden). La loi a même été amendée, selon Arvin Boolell, pour permettre de vendre à des étrangers des bungalows construits sur des terres de l'État. Et de se demander si Vinash Gopee n'est qu'un homme de paille. «Qui est ou sont derrière lui ?»

Les clients de Gopee

Patrick Assirvaden a rappelé que Royal Green n'a pas seulement eu un terrain de l'État, mais qu'elle a Mauritius Telecom comme client. «Est-ce que nos institutions comme la SBM, l'EDB ou la FSC n'ont trouvé aucun autre bâtiment que chez Gopee ?» Et à lui aussi de parler de prête-nom, d'homme et de femme de paille derrière ces projets par milliards. «Et ce sont eux qui viennent parler de transparence sur les financements politiques !»

Rajesh Bhagwan a souligné que c'est ce même Vinash Gopee qui est à la tête de la Land Drainage Authority, «vous savez, ce machin qui devrait lutter contre les inondations. En fait, on sait combien de victimes d'inondations il y a eu». Il a promis la prison à bien des personnes après le changement de gouvernement. Il a qualifié le speaker d'agent du Mouvement socialiste militant (MSM) et de Pravind Jugnauth pour avoir rejeté la PNQ. Ces paroles prononcées pourtant hors de l'Assemblée nationale lui ont valu une expulsion peu après lors de la séance parlementaire d'hier...

Bhagwan suspendu pour cinq séances

Dès l'ouverture de la séance parlementaire, le speaker s'est empressé de faire deux «statements». Un premier pour justifier le rejet de la PNQ d'Arvin Boolell, puis un deuxième sur la déclaration du député mauve, Rajesh Bhagwan, lors de la conférence de presse du leader de l'opposition plus tôt. Rajesh Bhagwan avait notamment déclaré à la conférence de presse que Sooroojdev Phokeer est un agent politique du MSM et qu'il agit sous l'ordre de Pravind Jugnauth, entre autres. Suite à quoi, le speaker lui a demandé des «unreserved apologies to the House» à cet effet. Le député mauve a alors refusé en disant que le speaker est bien un agent et qu'il n'allait pas retirer ses mots. «To enn azan politik, to enn azan politik», a-t-il poursuivi. Ce qui lui a valu une expulsion. Rajesh Bhagwan a été «named» en même temps. Les choses se sont ensuite envenimées lorsque le député mauve lui a lancé qu'il finira «à la poubelle». Le speaker a alors, à plusieurs reprises, demandé au Sergeant-at-arms : «Pick this man out. (...) He should not offend you in your police duties. Other policemen can assist the Sergeant-at-arms. (...) Get out from here.» Le député mauve a été suspendu pour cinq séances. Phokeer a accusé Rajesh Bhagwan d'avoir utilisé des termes offensants à son encontre et d'avoir heurté la dignité de l'Assemblée nationale. Par ailleurs, l'expression «karne laboutik» de feu Soopramanien Kistnen a également poussé le speaker à interrompre le discours du député du Parti travailliste (PTr) Shakeel Mohamed, qui a ensuite quitté l'Hémicycle, suivi par ses collègues du PTr. Arvin Boolell, visiblement remonté, a exprimé sa colère en tapant fortement sur la table.

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