On rit comme ça hein, mais l'infidélité joue un grand rôle dans le produit intérieur brut d'un pays très endetté comme le Cameroun. D'ailleurs, c'est un pilier indispensable pour le développement réel de notre économie...
L'économie des auberges
Je vous pose une question : vous pensez réellement que si tous les hommes étaient des amants fidèles, ou alors si chaque femme ne s'enjaillait qu'avec un seul partenaire sexuel, on connaîtrait une telle floraison des auberges et des établissements hôteliers ici au Cameroun ?
Je réponds NON !
L'infidélité a créé un véritable écosystème dans le secteur de l'hébergement ici dans notre pays, au point où les aubergistes sont devenus de très prometteurs entrepreneurs. Car tu peux réserver une chambre dans n'importe quel quartier de Douala ou bien de Yaoundé, et tu peux même t'accorder des siestes ou des nuitées qui durent seulement deux heures ! Le réceptionniste va faire semblant de ne pas remarquer la dame qui se faufile derrière toi comme ta silhouette, et c'est ainsi que l'économie touristique va fonctionner totalement normalement. Puisque les hommes infidèles payent toujours cash, les femmes cougars qui forniquent avec leurs cadets de vingt-trois ans d'écart sont souvent de bonnes payeuses dans les motels. Les gigolos décaissent quant à eux facilement puisque ce n'est même pas un argent qui est issu de leur propre porte-monnaie.
Et le même cinéma est reproductible dans les auberges, les hôtels cinq étoiles, les résidences locatives, les appartements meublés et j'en passe !
L'économie de la restauration
Entre nous, est-ce que vous avez déjà vu un homme camerounais qui invite son épouse officielle pour aller manger dans un grand restaurant ? Hein ? Je veux dire, qui emmène régulièrement sa petite amie pour aller se régaler dans un véritable bon restaurant ?
Parce que, disons-nous les vérités, les restaurants, c'est pour les personnes adultères ou pour les néo-dragueurs, lorsqu'ils sont encore au tout début de leur relation. Parce que si les restaurants camerounais comptaient sur les anciens couples comme celui de mon meilleur ami Pierre La Paix Ndamè, il y a belle lurette qu'on ne parlerait même plus de cette noble activité ici dans notre Cameroun...
Sérieux hein, l'infidélité participe très sérieusement au redressement de notre PIB. Les hommes infidèles sortent le chéquier pour aller s'offrir des buffets complets dans les plus grands palaces, en compagnie de leur dulcinée non officielle. Les endroits comme la Rue de la Joie sont souvent remplis de gens qui trompent leur partenaire, parce que c'est dans ces endroits-là que se joue réellement la vraie vie. Les femmes infidèles aiment manger le rôti de porc, les hommes infidèles aiment offrir des brochettes de poulet qu'on vend à côté du ministère du soya, et les filles qu'on vient de baratiner aiment tout simplement commander un gros plateau de poisson braisé.
L'économie de la restauration est fortement liée à l'infidélité qui règne au Cameroun ; puisque ce sont ces tchizas qui n'ont pas d'emploi mais qui connaissent tous les plus grands restaurants qu'il y a ici à Bonamoussadi, et ce sont leurs compagnons qui ont abandonné leur propre épouse à la maison hein, et qui te disent que « Dès que tu finis de manger ton crocodile, je connais une auberge climatisée où on va enfin pouvoir aller se reposer... »
L'économie du divertissement
Quand je vais parler vous allez penser que ce sont les blagues ! Mais dites-moi : si les hommes infidèles n'existaient pas, ce sont les qui qui allaient souvent faire tourner toute notre industrie du divertissement ?
Parce que les week-ends à Kribi, ce sont eux ! Les balades romantiques dans les parcs et dans les manèges, ce sont encore eux. Les participations à des concerts ou à des projections cinématographiques, ce sont toujours des hommes qui sont officiellement en couple, mais qui préfèrent plutôt aller se divertir avec une nouvelle conquête qu'ils ont pour mission de déshabiller [...]
C'est un investissement hein, ce n'est pas la blague ! Vous pensez que les snack-bars et les rooftops qu'on a ouverts partout-partout ici dans la ville de Douala, vous pensez que c'est pour les qui ? Hein ? Vous pensez sérieusement que c'est pour les couples qui vont bientôt célébrer leur vingt-cinquième anniversaire de mariage ?
Parce que lorsque moi j'observe les duos (je préfère les appeler ainsi) dans les boîtes de nuit de notre capitale économique, je vois bien qu'ils sont en instance de fornication. Je comprends bien que c'est plus facile pour un Camerounais de dépenser sur une nouvelle « victime » ou sur une araignée du dehors, que d'envoyer l'argent du gaz à son propre domicile. C'est plus facile pour un homme qui trompe sa concubine, de dépenser des sommes d'argent faramineuses dans le divertissement et l'épanouissement de sa partenaire d'un soir, et c'est tout ceci qui contribuera au développement exponentiel de notre potentiel économique...
L'économie de la mode
Les femmes du dehors sont toujours belles. Les femmes du dehors sont toujours swags. Les femmes du dehors sont généralement bien entretenues, non seulement par leur titulaire qui néglige simultanément sa propre femme à la maison, mais aussi par leurs nombreux autres partenaires sexuels qui sont persuadés chacun qu'ils sont les seuls titulaires. Et vous ne constatez pas la production économique que ce tintamarre produit tout autour de la jeune fille ?
L'infidélité n'est pas une blague ! Elle développe les prêt-à-porter à travers une clientèle multiple et au fort potentiel d'achat ; elle développe le secteur de la haute couture, elle fait s'envoler le domaine de l'esthétique-coiffure qui sont dorénavant des secteurs très-très porteurs, puisque toutes les femmes infidèles sont toujours bien coiffées, bien sapées, bien tatoués, bien maquillées, bien manucurées...
Les hommes dépensent des fortunes pour entretenir leur deuxième bureau ! Les gigolos réclament des sommes considérables pour maintenir leur niveau de vie et pour demeurer sur leur trente-et-un. Les petites filles abusent de leurs sugar daddies sans aucune complaisance ni bienveillance, et elles ravitaillent leur garde-robe presque toutes les semaines. Et c'est ainsi que les ventes de chaussures explosent, les ventes de robes et de perruques, de chapeaux, de pantalons, de mini-jupes, de mini-culottes et que sais-je encore. Et tout ceci, c'est exclusivement grâce à l'infidélité !
La macroéconomie de l'infidélité
Donc on sourit comme ça hein, mais l'infidélité joue un rôle prépondérant dans le produit intérieur brut d'un pays extrêmement endetté comme le Cameroun. D'ailleurs hein, c'est un pilier indispensable pour l'accession réelle vers notre émergence d'ici 2035...
L'économie du tourisme ! L'infidélité fait booster des secteurs aussi importants que le transport, la restauration et le logement, ce qui constitue les axes principaux d'un bon projet de développement touristique.
L'économie de l'éducation ! Parce que lorsque vous faites des enfants illégitimes, vous devez tout de même les soigner, les nourrir, les vêtir ; et plus tard les envoyer dans les meilleures universités ou centres de formation qui existent sur notre territoire. L'économie du Cameroun tout simplement, puisque les couples qui se forment investissent beaucoup d'argent pour pouvoir entretenir cette infidélité.
Et c'est ainsi que les auberges se portent bien, c'est ainsi que la restauration et les loisirs se portent merveilleusement bien, et c'est ainsi que la mode et la beauté n'ont plus aucun secret pour nos jeunes soeurs cameruineuses. L'infidélité est devenue un phénomène légal, d'ailleurs elle a été déguisée sous le régime matrimonial que l'on appelle ici la polygamie. Car ce n'est pas avec une seule femme que nous pourrons développer un pays aussi complexe que le Cameroun...