« Il s'est écoulé moins de vingt minutes entre l'alerte et l'arrivée des militaires. A peine alertés, les militaires étaient déjà sur place et ont pu repousser les assaillants », se souvient le chef de quartier de Nzuma, Josué Kapisa.
Les faits datent du jeudi 29 février 2024. Il est 19 heures au quartier Nzuma dans la ville de Beni. De présumés rebelles font irruption chez un ménage et attaquent une dame à l'arme blanche. Les cris de la victime alertent les voisins qui informent aussitôt le chef de quartier qui, à son tour, téléphone au commandant de la position de l'armée congolaise la plus proche, puis le contingent tanzanien de la MONUSCO basé au quartier général de Mavivi.
L'intervention a été rapide et a permis de repousser les présumés rebelles qui, dans leur fuite, ont malheureusement fait trois victimes. M. Kapisa est convaincu que ce soir-là le bilan aurait pu être beaucoup plus élevé : « Je pense qu'ils avaient d'autres objectifs, notamment piller le centre de santé du quartier. L'intervention rapide des militaires a permis d'éviter le pire ».
Des réseaux d'alerte communautaires fonctionnels en permanence
Ce dispositif d'alerte qui a permis une réponse rapide de l'armée fait partie des réseaux d'alerte communautaires mis en place par la MONUSCO dans plusieurs régions du pays où les populations civiles font encore face à la violence armée. Lesdits réseaux d'alerte sont constitués de chefs de quartier, de représentants de déplacés, de membres de la société civile. Sans oublier tout autre citoyen susceptible de partager des informations relatives à une attaque armée ou un danger auquel s'expose la communauté.
Le fonctionnement est simple. Ces personnes bipent ou envoient des SMS vers un téléphone détenu en permanence par un agent de liaison communautaire (CLA). Ce dernier rappelle le numéro pour avoir toutes les informations, avant d'informer le commandant de la position de l'armée congolaise la plus proche et le contingent de la MONUSCO auquel il est rattaché.
« Nous avons une carte SIM que nous détenons 24H/24. C'est un numéro partagé dans toute la communauté. Quand il y a un problème, n'importe qui peut nous envoyer un SMS ou nous biper. Quand il y a un bip ou un SMS, nous appelons pour avoir des détails et essayer de comprendre la situation. Après, nous essayons de trianguler l'information. Quand elle est avérée, nous informons le commandant de la base de la MONUSCO, puis le commandant des FARDC ou de la PNC », détaille Micheline Masika, agent de liaison communautaire à la MONUSCO.
Le numéro, toujours opérationnel, doit être joignable 24h/24. « Même au milieu de la nuit, si pas moi, l'un de mes collègues doit pouvoir répondre et faire ce qu'il faut. Ça peut sauver des vies », rassure-t-elle.
Réagir et agir pour sauver des vies humaines
Le chef du quartier Nzuma est aussi d'avis que ce dispositif épargne des vies civiles. « Ce soir-là, sans cette intervention, les assaillants auraient pu tuer beaucoup plus de gens. Elle a permis de limiter les dégâts », confie-t-il, avant de préciser que « le contingent tanzanien de la MONUSCO, en transportant à temps la dame agressée à l'hôpital général de Beni, lui a sauvé la vie, car elle était très gravement atteinte ».
Les réseaux d'alerte communautaires, depuis leur mise en place par la MONUSCO il y a une dizaine d'années, ont permis de régler d'innombrables situations sécuritaires et de sauver de nombreuses vies. Ils restent accessibles à tous les citoyens disposant d'informations de menaces sécuritaires vérifiées.