En Côte d'Ivoire, le slam - ce genre de poésie scandée de façon rythmée - est en vogue, depuis quelques années. Le pays qui compte plus de deux cents slameurs a d'ailleurs remporté, en mai dernier, à Paris, le championnat mondial. Au soir du samedi 6 juillet, l'un des pionniers de cette discipline s'est produit sur la scène de l'institut français d'Abidjan. Bee Joe, c'est son nom d'artiste.
« Il y a bien longtemps, mon père m'a dit : fiston, fait bien attention à ta fréquentation... »
Pendant plus d'une heure et demie, Bee Joe, enchaîne les titres, une vingtaine de textes parfois mélancoliques et engagés.
À travers le slam, Bee Joe parle aux jeunes. Il les invite au travail et à ne pas abandonner, peu importe les difficultés. Il interpelle également les hommes politiques et les enjoint à tenir leurs promesses.
Bref, Bee Joe n'hésite pas à dire tout haut, ce que les autres pensent tout bas.
« Autour de moi, il y a tellement de peines et de difficultés. Nous sommes les témoins de notre histoire, de notre prison et donc on ne peut que traduire ce qu'on vit, ce qu'on voit. On a la chance d'être sur la scène. On ne peut que porter les difficultés que nous-mêmes nous vivons aussi parce que on le sent, on le voit, on le dit. »
Cela fait plus de trois décennies que Bee Joe utilise sa plume et sa voix pour dénoncer les tares de la société. Par le slam, il emporte son public dans un univers où les mots sont rois.
Flora est étudiante : « C'était vraiment incroyable, cela nous a transporté hors de la salle. Cela nous a fait voyager. L'esprit n'était pas là parce qu'on pensait en même temps aux paroles. On vivait l'instant présent, en fait. »
Bee Joe n'entend pas s'arrêter en si bon chemin. Il prévoit dans les prochaines semaines, une tournée à l'intérieur du pays afin de diffuser son amour pour le slam.