À Maurice, la décision du gouvernement de libéraliser le recrutement de travailleurs étrangers dans certains secteurs industriels se heurte à l'opposition des syndicats d'ouvriers. Ils ont battu le pavé dans la capitale pour réclamer l'annulation de cette décision. Ils ne sont pas contre la main-d'oeuvre étrangère, mais il y a une ligne à ne pas franchir.
« À Maurice, nous sommes tous descendants de migrants. » Rassemblés devant la Cathédrale de Port-Louis, des ouvriers de l'industrie sucrière, du textile et du port-franc ainsi que les grands syndicats de travailleurs écoutent avec attention Ashok Subron. Ce fervent défenseur de la cause ouvrière, dirigeant du mouvement Rezistans ek Alternativ (Résistance et Alternative), réclame un moratoire sur la suppression des quotas de recrutement pour la main-d'oeuvre étrangère. « Nous voulons un débat national sur l'immigration et ses conséquences pour Maurice. »
Maurice emploie environ 42 000 étrangers, principalement d'Inde, du Bangladesh, du Népal et de Madagascar. La loi limite leur nombre : en général, 1 étranger pour 3 Mauriciens. Le gouvernement a annoncé la suppression de cette limite dans les secteurs de la joaillerie, du port-franc, de l'informatique et des centres d'appels.
Marie et David sont venus manifester contre cette décision. « Non à 100% de travailleurs étrangers. On n'est pas contre les travailleurs étrangers, mais il faut savoir qu'il y a un taux de chômage à Maurice », pointe Marie. « Les travailleurs migrants aujourd'hui à Maurice, leurs conditions ne sont pas correctes. Notre manifestation, elle se fait aussi pour protéger le droit des travailleurs migrants et aussi des travailleurs mauriciens », assure David.
Maurice compte 37 300 chômeurs, soit 6,3 % de la population active. Les manifestants souhaitent la création d'une « agence nationale de l'emploi » pour mieux concilier chômage locale et l'apport de travailleurs étrangers.