Au Tigré, région du nord de l'Ethiopie, des manifestations sont organisées dans plusieurs villes pour protester contre les violences faites aux femmes. Les crimes de genre se multiplient. Une campagne de sensibilisation menée par diverses ONG est en cours.
Depuis l'accord de paix de Pretoria en novembre 2022, qui a mis fin à deux ans de conflit entre le Tigré et le pouvoir central, les crimes de genre explosent. Enlèvements, meurtres, mauvais traitements, femmes et jeunes filles sont les premières victimes.
Une campagne de sensibilisation en ligne menée par diverses ONG est également en cours. Selamawit Gidey, fondatrice et directrice exécutive du Rise and Shine Empowerment Center, fait un lien direct entre ce phénomène et la guerre.
« Il est possible que certains hommes aient développé un syndrome post traumatique ou d'autres formes de traumatismes car pendant la guerre, les gens ont été témoin d'un très grand nombre de tueries... Beaucoup d'hommes ont également participé au conflit en tant que combattants et ont vu leurs amis mourir.
Ces actes pourraient donc être le résultat de tout cela. Je ne pense pas que ce soit de la vengeance, mais certains hommes n'arrivent plus à contrôler leurs émotions...
Avant la guerre, des couples pouvaient être en désaccord et se séparer normalement. Mais aujourd'hui, comme nous n'avons plus de réel système légal qui pourrait tenir les criminels responsables de leurs actes, cela leur permet de passer à l'acte. Donc les autorités doivent punir les auteurs de ces crimes. Ensuite nous attendons plus d'efficacité pour assurer la sécurité des femmes et filles du Tigré. C'est le devoir du gouvernement. »
La guerre dans le Tigré aurait fait « environ 600 000 morts », estimait en janvier 2013 le médiateur de l'Union africaine (UA), l'ancien président nigérian Olusegun Obasanjo. Un chiffre important pour une province de quatre millions d'habitants.