Ile Maurice: 119 000 employés concernés, les autres sur la touche ?

Le député mauve Reza Uteem a interrogé le ministre du Travail, Soodesh Callichurn, mardi au Parlement sur la relativité salariale. Le ministre a alors expliqué dans sa réponse qu'il était impératif de procéder à un réajustement des salaires après la révision du salaire minimum à Rs 16 500 - sans compter l'ajout de la CSG - en janvier 2024.

L'augmentation de Rs 11 575 à Rs 16 500, représentant une hausse de 42,5 %, a provoqué, selon lui, une importante distorsion dans la distribution des salaires. Il existe ainsi de nombreux cas où des travailleurs de différentes catégories d'emploi et avec des années de service différentes touchent désormais le même salaire de Rs 16 500 par mois. Par exemple : un ouvrier et son superviseur ; un agent d'entretien et un employé de bureau ; une infirmière et une caissière de supermarché ; un électricien de grade I, grade II et grade III ; ou encore un serveur avec un an d'ancienneté et un autre avec quatre ans d'ancienneté.

Ainsi, a ajouté Soodesh Callichurn, un rapport sur la structure de rémunération et de classement des emplois du secteur privé a été soumis en mars 2024. Le rapport révèle que 119 000 travailleurs sur 366 000 sont concernés par cet exercice, visant ceux qui gagnent jusqu'à environ Rs 30 000. Le coût total estimé, basé sur les professions, s'élève à environ Rs 2,7 milliards par an. À cette fin, le montant déjà déboursé pour le réajustement est estimé à Rs 1,5 milliard. Par conséquent, le coût net serait de Rs 1,2 milliard.

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Les organisations représentant les employés du secteur privé ainsi que Business Mauritius ont été consultées à ce sujet et le ministère du Travail a examiné le rapport et mène actuellement une enquête complémentaire dans 22 secteurs d'emploi. «Selon Business Mauritius, environ 48 % des employeurs ont déjà procédé au réajustement des salaires. Les conclusions préliminaires du rapport, mené par mon ministère, révèlent la même tendance. Mon ministère examine actuellement le modus operandi, en consultation avec d'autres institutions, pour la mise en oeuvre des résultats du rapport du consultant et de l'enquête.»

À une dernière question de Reza Uteem, Soodesh Callichurn a aussi fait comprendre que le consultant a rencontré l'équipe du Pay Research Bureau (PRB) et une réunion consultative conjointe est en cours afin que le PRB s'aligne également sur le rapport. Pour Narendranath Gopee, président de la Federation of Civil Service and other Unions, la réponse du ministre reste pour l'heure floue avec plusieurs interrogations qui surviennent. «Nous n'avons pas eu suffisamment de détails. Est-ce réellement pour bientôt ? Les 119 000 employés sont-ils du secteur privé ? Qu'en est-il du secteur public ?» Notre interlocuteur trouve cela intriguant.

D'autant plus que, selon ses sources, le PRB n'a pas reçu d'instruction jusqu'ici du gouvernement pour travailler sur le réalignement des salaires dans le public. «Il est grand temps que le PRB vienne clarifier la situation à ce sujet. J'ai personnellement sollicité une rencontre avec son directeur mais on m'a fait comprendre qu'il était occupé pour l'heure.» Le syndicaliste est d'avis qu'il ne faut pas que les employés du secteur public soient bernés.

Avis de quelques internautes

Du côté des employés eux-mêmes, beaucoup attendent ce réajustement depuis fin mars. Étant donné qu'il concernera ceux qui touchent en dessous de Rs 30 000, qu'en est-il des autres qui restent sur le banc de touche ? Quid de ceux d'une partie de la classe moyenne qui peine à joindre les deux bouts ? Nous avons posé la question sur lexpress.mu et les avis sont mitigés. Pour Roshan G., par exemple, «la classe moyenne est victime de son succès». Dilesh S déplore qu'ayant été à l'université, il touche le même salaire que son ami ayant uniquement son grade 9 en poche.

Pour Ridwaan S, une licence n'a plus le même poids qu'il y a vingt ans. Pour Anishta N., le réalignement salarial devrait aussi compenser ceux qui ont sacrifié, étudié et obtenu une licence universitaire. De même, Mitesh K. est d'avis qu'il faut aussi appliquer ce réalignement de salaire à ceux ayant des qualifications et de l'expérience, touchant plus de Rs 30 000.

Pour Marie Noëlle, cela est injuste car le coût de la vie a connu une hausse pour tous. C'est décourageant, soutient-elle. Idem pour Pheale R., qui s'est demandé ce que feront ceux qui touchent entre Rs 30 000 et Rs 45 000. Pour Nathan J, la classe moyenne est la vache à lait de tout gouvernement. Elle paie pour les pauvres et les élites, selon ses dires.

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