Ile Maurice: Content, pas content ?

billet

«Dis-moi ce que tu manges et je te dirais qui tu es» écrivait le célèbre gastronome Jean Anthelme Brillat-Savarin, dans son livre, La Physiologie du goût, publié en 1825. On pourrait extrapoler cette phrase au monde contemporain, mais la transposer aux choix migratoires et notamment au choix entre les sociétés démocratiques et celles qui prônent l'autocratie. «Dis-moi où tu voudrais émigrer, et je te dirais qui tu pourrais être» !

D'abord, reconnaissons que tout le monde n'a pas la liberté d'émigrer et qu'il est plus facile de le faire quand on est riche ; car on peut alors s'acheter un passeport, voire une villa, ce qui ouvre les possibilités d'un permis de résidence. Alternativement, on peut posséder une qualification ou une expertise recherchée, ce qui libère des permis de travail. Finalement, on retrouve de plus en plus de migrations forcées, de nature soit sécuritaires, politiques ou économiques. C'est là que l'on retrouve les débats et les controverses.

Ce qui frappe dans la plupart de ces cas, c'est comment les migrations à long terme, médiatisées, sont focalisées sur les démocraties de l'Ouest. Les réfugiés d'Afghanistan ou de Syrie, ou d'Ethiopie, ou du Vietnam ou du Mali ne cherchent pas à installer leurs familles ou eux-mêmes dans des pays pourtant riches comme l'Arabie saoudite, la Corée du Sud, Dubaï, le Qatar ou le Japon, même si ces pays sont à court de main-d'oeuvre. Ils choisissent plutôt les démocraties d'Europe, le Canada, la «green card» américaine, l'Australie. Quand un Syrien choisit le Canada comme pays d'accueil plutôt que l'Arabie, ce n'est pourtant, sûrement pas, une question de compatibilité culturelle ?

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The Economist, par exemple, dans un récent numéro analysait les choix migratoires des enfants et des parents de l'élite politique iranienne. Les proches des deux principaux candidats aux présidentielles du 28 juin sont établis au Canada et en Grande-Bretagne. Plusieurs membres de la famille du leader suprême, l'Ayatollah Ali Khamenei, se sont installés en France et en Grande-Bretagne, incluant son neveu Mahmoud Moradkhani.

Les petits-enfants du fondateur de la révolution islamique, l'Ayatollah Khomeini, se retrouvent au Canada. Un ancien ministre, passablement outré, suggère même que 5 000 aghazadehs (les enfants de l'élite), vivent chez le Grand Satan lui-même, aux États-Unis !

Certains des aghazadehs critiquent le régime théocratique qu'ils ont quitté. D'autres, comme Massumeh Ebtekar qui est au Canada et qui était le porte-parole des étudiants qui avaient saisi l'ambassade américaine en 1979, disent ouvertement être à l'Ouest pour... mieux les critiquer ! Son fils a émigré aux États-Unis. D'autres opèrent les centres islamiques financés par l'Iran, dans les capitales des démocraties libérales. Nombre d'entre eux ont émigré pour apprendre plus librement à l'université. Ce qui est certain c'est que des citoyens anglais, américains ou canadiens ne pourraient jamais faire l'équivalent en Iran sans risquer leur liberté ou leur tête...

Il y a une leçon quelque part. Comme il y a une leçon pour les immigrants qui, à l'insistance d'une (infime ?) minorité, essaient d'imposer leurs coutumes ou leur sharia dans les pays qui les accueillent aimablement après qu'ils aient fui leur mère-patrie. Marine Le Pen doit leur dire merci...

L'émigration chinoise a existé bien avant aujourd'hui, s'est accélérée après la guerre civile de Mao face au Kuomingtan et a aidé à créer/ renforcer des China Towns presque partout au monde. Cependant, si le nationalisme et la fierté chinoise ont ralenti l'émigration sur les dernières décades, les événements plus récents ont fait réfléchir et les élites riches se sont, là où elles le pouvaient, installées aux États-Unis, à Singapour, en Thaïlande et plus récemment, même au Japon ( * ). Comme Jack Ma, le fondateur d'Alibaba, réprimandé et refroidi par les autorités chinoises pour avoir fait publiquement entendre ses critiques sur le parti communiste et sa bureaucratie. Jack Ma est aujourd'hui lecturer à l'université de Tokyo. Libre de ses propos.

Par contre, quand un Français, un Indien, un Anglais ou un Sud-Africain vient s'installer à Maurice pour le long terme, il cherche probablement une certaine douceur de vivre, une forme de paix de l'esprit, un environnement relativement serein et peu compliqué qui serait aussi favorable pour élever des enfants paisiblement, loin du stress des grandes métropoles. On peut postuler que, si l'on souhaite continuer à attirer ce genre d'immigrant à Maurice, il y a quelques impératifs à respecter.

Eviter à tout prix ce qui pourrait favoriser toutes les formes de violence, dont celles de la drogue, par exemple et s'assurer que notre État démocratique et notre État de droit soient largement préservés et demeurent au moins reconnaissables !

Aucun des immigrants long terme que j'ai rencontrés ici ne serait particulièrement convaincu par l'offre alternative que pourraient lui faire Ortega au Nicaragua, Kagame au Rwanda ou Hun Manet au Cambodge, qui sont pourtant de beaux pays qui sont «en paix»... Vous devinerez pourquoi et saurez reconnaître le danger pour Maurice. L'état de santé de l'économie du pays se conjugue de différentes manières. Cette semaine, Statistics Mauritius relevait ses estimations de taux de croissance d'un formidable 4,9 % au taux extraordinaire de 6,5 %. Soit... 33 % de mieux !

Cette performance spectaculaire serait basée sur les performances enregistrées «sur les 3 premiers mois de 2024, sur de nouvelles informations collectées et en prenant compte des mesures du dernier Budget». Sans beaucoup plus de précisions. Parmi les hypothèses de travail, cette hypothèse fantasmagorique que le secteur du bâtiment va progresser par 38,7 % en 2024 par rapport à un taux déjà éblouissant de 37,4 % en 2023 !!!

Un bémol, toutefois, à ces extrapolations à peine croyables : la valeur ajoutée locale dans le bâtiment est relativement faible. On importe quasiment tout pour construire (sauf pour le macadam ?) et la balance commerciale va donc en souffrir... D'autant plus que la baisse des exportations du pays lors du premier trimestre, soit - 20,7 % (moins20,7 % !), préfigure moindrement le reste de l'année. La balance des comptes courants aussi sera sous pression, si les smart cities n'arrivent pas à tout vendre au bout du compte.

Rappelons que le taux de couverture des importations par nos exportations baisse à 36,6 % seulement en 2023 (41,8 % en 2018 et 53,2 % en 2013) et que les revenus bruts du tourisme représentaient 30,3 % de nos importations en 2023, alors que ce chiffre se situait à 33,3 % en 2018.

L'avenir est radieux... ?

J'avais terminé mon travail à La Sentinelle à 17 h 15. J'ai pris le pont Bruniquel flambant neuf pour rentrer chez moi, en passant par Port-Louis. Je suis arrivé à Moka, à 18 h 47. Plus d'une heure et demie plus tard ! Je ne sais pas combien de nouveaux ponts, de by-pass, d'autoponts, de Link Roads ont été inaugurés lors de la présente législature et je ne sais pas non plus combien seront inaugurés avant les élections, mais ce qui est certain c'est que, malgré tout ça, les routes sont de plus en plus encombrées et que l'on passe plus de temps dans les embouteillages. Sans solutions drastiques et courageuses, ça ne s'améliorera pas ! Vous en conviendrez sûrement.

Le problème est simple.

Il y avait 107 000 véhicules sur nos 1 801 kilomètres de routes en 1989 et à fin 2021, on enregistrait 623 000 véhicules pour 2 975 kilomètres de routes. La densité de véhicules par kilomètre est donc passée de 59 il y a 33 ans, à 209 fin 2021. La situation s'est donc détériorée par un facteur de plus de TROIS FOIS ET DEMIE. À fin 2022, on avait ajouté encore 80 kilomètres de routes, mais le nombre de véhicules progressait encore plus rapidement et la densité de véhicules par kilomètre de route s'était encore détériorée à 212...

Une autre manière un peu dramatique de présenter la situation est d'indiquer que si tous les véhicules de 2021 étaient alignés sur nos routes au même moment, chacun d'entre eux occuperait seulement 4.8 mètres... Le chiffre équivalent de 1989 était de 16.8 mètres et était indicateur de plus de fluidité sur le bitume...

Et si, pour aider la nation, je cessais d'aller au bureau, comme tous les autres qui, déjà, notons-le, sont en train de 'work from home' pour brûler moins d'essence et aider le trafic ?

L'un est un être immoral, menteur, narcissiste et dangereux, proposant même des tribunaux militaires pour ses adversaires politiques ! L'autre rassemble de bien meilleures qualités humaines. Mais Trump et Biden sont clairement, tous deux, trop vieux. À cet âge-là, ce qui est absolument probable, c'est que physiquement et cognitivement, ça ne peut que se dégrader rapidement chaque jour qui passera... Or, ils recherchent un contrat difficile qui va durer quatre ans de plus !

Benjamin Button, l'homme qui selon le film, rajeunit au lieu de vieillir, ça n'existe que «dan fim» ! Les États-Unis méritent mieux que le choix actuel !

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