Madagascar: Eau et Énergie - La Jirama à bout de souffle

La société Jirama est visiblement à court de solutions. Malgré les subventions étatiques et un changement à la direction générale, les coupures d'eau et d'électricité restent le quotidien des usagers.

Sans eau courante ni électricité. Depuis le retour du délestage tournant, les usagers dans plusieurs quartiers d'Antananarivo et ses environs vivent quotidiennement avec cette double sanction qui les ramène au Moyen Âge. La situation va de mal en pis. La Jirama avance comme explication officielle au retour du délestage, il y a cinq jours, "l'approvisionnement en fioul lourd, alimentant les centrales thermiques, presque dans tout Madagascar, accuse du retard". Une explication qui peine à convaincre étant donné que l'approvisionnement en fuel devrait faire l'objet d'une programmation au moins à moyen terme.

Après, l'explication officielle publiée par la Jirama sur sa page Facebook a été légèrement modifiée pour indiquer que le délestage est de retour parce que "l'arrivée du bateau transportant le fioul lourd qui alimente les centrales thermiques, presque dans tout Madagascar, accuse du retard". Dans les deux versions, la société nationale d'eau et d'électricité se défend par "notons que ceci est indépendamment de la Jirama".

La programmation de la livraison de carburant ne prévoit donc pas de plan B en cas de retard des bateaux. Il ne s'agit pourtant pas d'une gestion d'épicerie qui se fait au jour le jour. D'autant plus que période officielle de délestage ou pas, les usagers doivent faire avec les coupures d'électricité. La plupart du temps, des pannes techniques en seraient les raisons. Visiblement, des pannes, la Jirama en subit quasi quotidiennement.

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Amorphes

La situation est d'autant plus consternante que l'État, selon Andry Rajoelina, président de la République, a décidé d'apurer les dettes de la Jirama, justement pour éviter le délestage. "Lors du dernier conseil des ministres, nous avons dû amputer les budgets d'investissement des ministères au profit de la Jirama. Il fallait donner 1 036 milliards d'ariary à la Jirama, sans quoi, on se serait confronté à de fortes coupures d'électricité", a-t-il déclaré, le 16 mai, à Vinaninkarena, Antsirabe.

Pour pouvoir remettre la Jirama à flot, il fallait sensiblement revoir à la baisse le budget d'investissement de l'État. De prime abord, cela n'a pas servi à grand-chose. À part l'électricité, l'eau courante est aussi devenue une denrée rare. Des quartiers en sont privés depuis plusieurs mois. D'autres subissent la panne sèche des robinets depuis le début de l'hiver. Le bidon d'eau de 15 litres s'achète pourtant jusqu'à 3.000 ariary, voire plus, tellement la demande explose. Les centres de santé et les hôpitaux ne sont pas épargnés par la disette d'eau.

Dans le quartier de Mahabo Andoharanofotsy, par exemple, des puits sont asséchés. Prévu pour un foyer à la base, tout un quartier s'y approvisionne en eau depuis plus d'une semaine. "Des problèmes dans le réseau d'approvisionnement", ou encore, "l'insuffisance du volume d'eau injecté dans les réseaux", sont les explications récurrentes avancées par les standardistes du numéro vert de la Jirama. Vraisemblablement, personne n'a pensé à mettre à profit les forts débits d'eau durant la dernière saison cyclonique, en prévision de la saison sèche.

Ni anticipation, ni action, ni réaction n'est perceptible de la part des responsables directement concernés face à l'enfer que vivent quotidiennement les usagers de la Jirama. Les deux membres du gouvernement chargés de l'énergie et de l'eau sont inaudibles et amorphes. Pareillement du côté du nouveau directeur général de la Jirama. Même les interpellations publiques faites par le président de la République, himself, ne semblent pas les faire sourciller.

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