Depuis le 4 juillet, un cessez-le-feu décrété par le gouvernement américain s'observe sur les lignes de front du Nord-Kivu, rapporte l'Agence congolaise de presse qui indique que cette mesure est entrée en vigueur le lendemain de son annonce et durera deux semaines.
Les Forces armées de la République démocratique du Congo (FARDC) et les rebelles du M23 soutenus par le Rwanda sont astreints à faire taire les armes, dans le cadre de la trêve humanitaire. Vue la situation préoccupante avec près de trois millions de personnes déplacées internes, cette trêve devrait favoriser leur retour volontaire et aider le personnel humanitaire à accéder sans entrave à la population vulnérable. Toutefois, côté congolais, cette trêve est plutôt mal perçue d'autant plus qu'elle intervient une semaine après les prises de nouvelles villes par le M23 sur le front Nord. De quoi relativiser la bonne volonté des États-Unis vu qu'ils continuent, selon certaines allégations, à armer le M23 et à acheter tout ce que ce mouvement rebelle lui ramène comme butin de guerre.
"Le fait pour les Etats-Unis d'intervenir dans une guerre qui n'est pas conventionnelle tout en sachant qu'il s'agit, à proprement parler, d'une agression de la République démocratique du Congo par le Rwanda, laisse penser qu'il y a anguille sous roche", fait observer une source militaire congolaise.
Forcer le dialogue
Selon certaines analystes, cette mesure est censée favoriser la bonne organisation des élections au Rwanda prévues le 15 juillet, loin des affrontements susceptibles de perturber les scrutins. Rappelons qu'en décembre 2023, les États-Unis avaient annoncé de la même manière un « cessez-le-feu », qui avait tenu une dizaine de jours. Des combats intenses avaient repris juste après les élections du 20 décembre en RDC. N'est-ce pas une façon pour Washington de poser le décor du dialogue direct qu'il veut imposer entre le gouvernement congolais et les rebelles du M23 ?, s'interroge-t-on dans des cercles politiques restreints à Kinshasa.
Qu'à cela ne tienne, les habitants des villages situés dans les zones de conflit espèrent, quant à eux, que cette trêve humanitaire conduira à un cessez-le-feu permanent.