Après le secteur de l'agriculture et celui de l'éducation, c'est au tour du domaine de la santé de bénéficier de l'action présidentielle à travers « l'Initiative présidentielle pour la santé ».
C'est, du moins, ce qui ressort du compte rendu du Conseil des ministres du 3 juillet dernier, qui en a adopté le projet de création. Cette nouvelle initiative, à en croire le ministre d'Etat, porte-parole du gouvernement, Jean Emmanuel Ouédraogo, est la « matérialisation de la vision du Président du Faso, sa volonté résolue d'apporter des réponses dans un meilleur délai à un certain nombre d'insuffisances en termes d'offre de soins », et comporte quatre composantes.
La première composante consiste en la construction et l'équipement de 55 centres de santé communaux, qui résultera de la transformation de 55 Centres de santé et de promotion sociale (CSPS) en centres médicaux communaux dans les 13 régions du Burkina. La deuxième composante, elle, est relative à la construction et l'équipement de cinq services d'anesthésie-réanimation dans les hôpitaux.
Quant à la troisième, elle consiste en la création d'un institut du coeur au Centre hospitalier universitaire de Tengandogo. Enfin, la dernière composante consiste à rendre disponible le diagnostic moléculaire du cancer de sein au Burkina. Selon toujours le ministre porte-parole du gouvernement, l'Initiative présidentielle pour la santé « devrait, à terme, entre autres, aboutir à la modernisation et à l'accroissement de la capacité des infrastructures sanitaires, à l'équipement des centres en matériels de qualité, au déploiement de personnel qualifié dans les centres médicaux communaux ».
L'initiative présidentielle devrait constituer une véritable bouffée d'oxygène pour le système de santé au Burkina
En tout cas, tout le mal que l'on puisse souhaiter à cette initiative qui sera logée au Bureau national des grands projets du Burkina, est qu'elle produise les effets escomptés pour impacter la qualité du système sanitaire national dont les principaux maux sont connus: insuffisance et vétusté des infrastructures sanitaires, faiblesse des plateaux techniques, inaccessibilité des soins aux couches les plus défavorisées et l'on en oublie.
Ces maux ont fini par faire de la santé, une véritable problématique de développement. Car, nul n'ignore le lien étroit qui existe entre la santé et le développement. L'Initiative présidentielle devrait donc constituer une véritable bouffée d'oxygène pour le système de santé au Burkina et par ricochet, pour les populations bénéficiaires. Mais, le tout n'est pas de rendre les infrastructures disponibles.
Elles sont certes une partie de l'équation mais une grande partie du problème réside dans la capacité financière des populations à s'offrir des soins de santé. C'est cette faiblesse de la capacité financière des populations qui explique, entre autres, la floraison des médicaments de la rue et de la pharmacopée traditionnelle. Il faut donc, en plus de l'Initiative présidentielle, mettre sur place un mécanisme favorisant l'accès, même des plus démunis, à des soins de qualité.
Par ailleurs, au plan purement administratif et opérationnel, l'on se demande si les initiatives présidentielles qui portent sur d'importantes parts des politiques publiques, ne vident pas les départements ministériels de leur substance ou à contrario si elles ne créent pas des conflits de compétences. En attendant de voir comment les choses vont s'articuler sur le terrain, l'on peut dire que c'est un pas de plus fait dans la bonne direction : celui de la satisfaction des besoins des populations en soins de santé.